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  • Danièle Starenkyj

LA MONTÉE D’UN MOUVEMENT DE RÉFORME SANITAIRE

Pas trop loin de New York, au Connecticut, s’opposant à l’ignorance crasse de son temps, se lève en 1830 Sylvester Graham avec l’intention de la dissiper. Réformateur convaincu, il publie un journal -- The Graham Journal -- dans lequel, en 1837, il définit le régime de santé qu’il propose à tous ceux qui veulent en finir avec la débilité générale. En voici les grandes lignes :

1. Les aliments de base sont les fruits et les légumes. 2. Le pain est le soutien de la vie. Il doit être intégral. 3. La crème fraîche est préférable au beurre. 4. Les aliments doivent être soigneusement mastiqués. 5. Il vaut mieux mettre de côté viandes et poissons. 6. Il faut éliminer graisses, sauces grasses, et mets épicés. 7. Tous les excitants : thé, café, vin, tabac, cidre, bière doivent être abandonnés. 8. La meilleure boisson est l’eau pure et douce. 9. Le dernier repas de la journée doit être pris 3 à 4 heures avant le coucher. 10. Ne rien manger entre les repas. 11. Ne pas trop manger. 12. Il vaut mieux jeûner que de se soigner avec des drogues (mercure, strychnine, arsenic, etc.). 13. Il faut dormir 7 heures par nuit dans une pièce bien aérée – l’air nocturne n’est pas empoisonné, affirme-t-il. 14. Éviter en tout temps des vêtements trop serrés – c’était la mode des corsets. 15. Faire de l’exercice en plein air. 16. Se baigner tous les jours – à l’époque on ne se lavait pas.

Impossible, n’est-ce pas, de ne pas souligner la modernité de ce programme en cohérence, en tous points, avec les connaissances diététiques et scientifiques de notre 21e siècle. On doit à Sylvester Graham la fondation de l’American Vegetarian Society en 1850, l’ouverture de restaurants « légumistes », et un combat acharné pour redonner au pain son titre de noblesse : celui d’être le véritable soutien de la vie. Dès 1800, le pain « industriel » est hyper-raffiné, ultra-blanc, léger, gros et poreux, pouvant retenir plus d’eau, ce qui augmente ainsi son poids. Mais le pain de cette époque n’était pas seulement blanc. Il était blanchi à l’aide de substances toxiques – sulphate de cuivre ou vitriol bleu, alun, craie. Mou, sans goût, mais surtout sans valeur nutritive, il ne nourrissait pas une population déjà fortement abîmée par une mauvaise hygiène de vie.

Sylvester Graham milita avec ardeur pour un pain fait de farine fraîchement moulue – il plaida pour que chaque famille ait son moulin à main -- une telle farine comportant le germe et tout le son, et produisant un pain léger, sans acidité, doux au goût, nourrissant, pourvoyeur de force, et procurant un bienheureux rassasiement. Sylvester Graham fut la cible de représailles parfois violentes de la part des bouchers, des tenanciers de tavernes, et des boulangers qui se plaignant que « les grahamites » les ruinaient. Mais courageux, il ouvrit la voie à d’autres réformateurs au 19e siècle qui militèrent en faveur de la tempérance – cette qualité qui, selon leur définition, consiste à user avec modération de toute bonne chose et à s’abstenir totalement de toute chose nuisible. Et c’est ainsi que devait naître au 20e siècle l’hygiène publique, le droit à la santé, le tout-à-l’égout, l’interdiction de fumer dans les lieux publics, la réfrigération, et tant d’autres mesures… Il nous reste maintenant au 21e siècle à comprendre que la santé est plus qu’un droit, c’est un devoir 1… On s’en reparlera.

©2018 Danièle Starenkyj 1. Starenkyj Danièle, LA SANTÉ TOTALE, Le mieux-vivre essentiel pour ceux qui recherchent bonheur, vitalité et longévité, Orion, 2009.

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