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  • Danièle Starenkyj

DE L’INTESTIN AU CERVEAU

La prise de conscience au 21e siècle de l’existence d’un microbiote intestinal peut être comparée à la découverte fascinante, bouleversante, renversante d’un nouveau continent.  Cette découverte a bousculé plusieurs concepts pour déboucher sur de nouveaux diagnostiques et thérapies libératrices et efficaces.


LE MICROBIOTE EN QUELQUES MOTS


Le microbiote intestinal est un organe métabolique très original. Il est constitué de plusieurs centaines d’espèces bactériennes différentes dont la composition est propre à son hôte, et donc qui varie d’un individu à l’autre. Il joue un rôle certain dans l’immunité, les maladies inflammatoires du tube digestif, et dans la production adéquate de vitamines, d’hormones, de neurotransmetteurs.


Le microbiote intestinal a aussi des effets multiples sur de nombreux organes du corps, et particulièrement le cerveau. Il existe une connexion bidirectionnelle entre l'intestin et le cerveau, appelée axe intestin-cerveau, et ces connexions sont formées par des voies immunologiques, neuronales et neuroendocriniennes. En outre, le microbiote intestinal module la synthèse et le fonctionnement des neurotransmetteurs. Par conséquent, la perturbation de la composition ou de la fonction du microbiote intestinal, connue sous le nom de DYSBIOSE, est associée à la pathogenèse de nombreux troubles mentaux :  schizophrénie, dépression, troubles anxieux et troubles du spectre autistique, entre autres.


LA TRANSPLANTATION DE MICROBIOTE FÉCAL


La transplantation de microbiote fécal (TMF) est une thérapie biologique qui a le vent dans les voiles. Elle consiste à transférer le microbiote intestinal (selles encapsulées) d'individus sains à des individus malades afin de reconstruire le microbiote de ces derniers, avec des résultats positifs étonnants.


QUELQUES RÉSULTATS ET UNE EXPLICATION


→ En premier lieu, cette thérapie s'était avérée être un traitement efficace contre les infections récurrentes à Clostridium difficile très difficiles à juguler, les maladies inflammatoires de l'intestin, et le syndrome du côlon irritable.


→Les dernières recherches sur le rôle du microbiote intestinal dans différentes maladies du système nerveux soutiennent aujourd’hui l’application positive de la TMF dans les maladies neurologiques, psychiatriques et autres maladies liées au système nerveux (maladie de Parkinson, maladie d'Alzheimer, sclérose en plaques, épilepsie, trouble du spectre autistique, trouble bipolaire, encéphalopathie hépatique, douleur neuropathique, etc.).


→ Une explication passe par la constatation qu’un microbiote malsain, en dysbiose, ne fabrique pas assez d'acides gras à chaîne courte (AGCC). Ces acides fournissent l’énergie aux cellules et influencent directement le cerveau en renforçant l'intégrité de la barrière sang-cerveau. Ils modulent la neurotransmission (transmission de l’influx nerveux entre les neurones), influencent les niveaux de facteurs neurotrophiques (protéines responsables de la croissance et de la survie des neurones), et favorisent la consolidation de la mémoire.



LES ENNEMIS D’UN MICROBIOTE SAIN


Les études actuelles l’affirment avec force : La reconstruction d'un microbiote intestinal sain est une nouvelle stratégie prometteuse pour le traitement des maladies cérébrales. Sur le même ton, ces études dénoncent les substances qui ruinent un microbiote et le précipitent dans la boucle des problèmes mentaux et nerveux.


1. Consommation de substances


● L'accumulation de preuves issues de plusieurs études a montré l'existence d'un lien entre la consommation de substances, la dysrégulation du microbiote et les troubles psychiatriques tels que la dépression, l'anxiété et la psychose.


● Il a été démontré que de nombreuses substances consommées, telles que la cocaïne et l'ALCOOL, modifient les voies de signalisation immunitaire et provoquent une inflammation à la fois dans la périphérie et dans le système nerveux central.


● En outre, ces substances modifient également la composition et la fonction du microbiote intestinal qui joue un rôle important dans la synthèse des neurotransmetteurs et des métabolites, ces derniers affectant l’équilibre du système nerveux central, et les résultats comportementaux qui en découlent.


● Les interactions émergentes entre la consommation de substances, le microbiote et les altérations neurochimiques du système nerveux central contribuent au développement de troubles psychiatriques.


● Une étude a donné un aperçu des effets associatifs de la consommation de substances telles que l'alcool, la cocaïne, la méthamphétamine, la nicotine et les opioïdes sur le microbiote intestinal et les troubles psychiatriques tels que l'anxiété, la dépression et la psychose.


2. Consommation d’antibiotiques


● Les antibiotiques peuvent occasionner des changements majeurs dans la composition du microbiote.


● Quels que soient le bien-fondé de l’indication, le mode d’administration, la posologie ou encore la durée du traitement, toute prise d’antibiotiques a un effet sur le microbiote.


● De nombreux patients reçoivent des antibiotiques sans toutefois souffrir d’infection bactérienne (ils ont des infections virales, ou à titre préventif). Il faut garder à l’esprit que, à chaque utilisation d’antibiotique, que le patient ait une infection bactérienne ou non, le microbiote est perturbé et se retrouve en dysbiose.


● Un traitement par antibiotique peut entraîner une perturbation complète du microbiote sous traitement. La récupération d’un microbiote stable prend au moins deux mois après la fin du traitement, mais avec une altération notable par rapport à l’état initial.


● L’impact clinique majeur des antibiotiques sur les microbiotes individuels est d’être à l’origine de l’émergence de bactéries résistantes aux antibiotiques ou de colonisation par des pathogènes indésirables (levures, Clostridium difficile).


● L’apparition de symptômes dépressifs ou anxieux à la suite d’une antibiothérapie doit donc être traitée par un rétablissement rapide du microbiote.



3. L’insuffisance de FIBRES


● On ne le dira jamais assez, un microbiote sain, abondant et produisant des sentiments positifs de joie et de bien-être, est un microbiote qui peut consommer une abondance de fibres insolubles (céréales entières, légumes racines, légumineuses) quotidiennement.


● Un régime riche en végétaux non transformés est une excellente garantie d’avoir un microbiote sain et donc de jouir d’un équilibre mental enviable tout au long de sa vie.


● Le sucre, les farines blanches et les aliments à base de ces ingrédients, les produits animaux (viandes, produits laitiers, œufs) sont tous dépourvus de fibres. Ils produisent un microbiote malingre, toxique, et l’individu devient une proie facile pour de nombreux désordres dont les troubles mentaux et nerveux.


CONCLUSION


Vous désirez une bonne santé mentale ? Évitez les substances modifiantes de votre précieux microbiote : l’alcool, le tabac, la cocaïne, les opioïdes, et les antibiotiques, sauf besoin absolu. Mangez à chaque repas des aliments végétaux non transformés avec toutes leurs fibres. Pensez à vos bactéries et ne les affamez pas. Soyez généreux envers elles, elles le seront envers vous.


RÉFÉRENCES

→Norman M Spivak et coll., Microbiome in Anxiety and Other Psychiatric Disorders, Med Clin North Am, 2023.

→Ernest T Chivero et coll., Substance use, microbiome and psychiatric disorders, Pharmacol Biochem Behav, 2022.

→Amjad Mhanna et coll., The correlation between gut microbiota and both neurotransmitters and mental disorders: A narrative review, Medicine (Baltimore), 2024.

→Carmen Grau-Del Valle et coll., Association between gut microbiota and psychiatric disorders: a systematic review, Front Psychol, 2023.

→Shaodong Hao et coll., Fecal Microbiota Transplantation Research over the Past Decade: Current Status and Trends, Can J Infect Dis Med Microbiol, 2023.

→ Hao-Ming Xu et coll., Fecal Microbiota Transplantation: A New Therapeutic Attempt from the Gut to the Brain, Gastroenterol Res Pract, 2021.



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