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  • Danièle Starenkyj

LA CONCILIATION TRAVAIL-FAMILLE : L’EXEMPLE DE MA MÈRE

Mes petits-enfants aiment jouer dans mon bureau. Là, tout près de mon bureau, je leur ai installé une petite table avec de petites chaises et une étagère avec peintures à l’eau et pinceaux, crayons à colorier, feuilles pour dessiner, livres à colorier, ciseaux pour découper, etc. En fait, ils travaillent sur la même table que leur père à leur âge, cette table où il a appris à lire et à écrire, tout près de moi… Ma fille, par contre, insistait pour être dans mes bras et sur mes genoux le plus clair du temps. Elle m’a appris à lire mes documents par-dessus sa tête, et à allonger mes bras pour écrire au-delà de ses dessins. La proximité de mes enfants ne m’a pas empêchée de travailler, de me concentrer, et d’être productive dans mon métier d’écrivain et de conférencière. Je dirais : bien au contraire…

Mais je reviens à mes petits-enfants. Tout comme mes enfants le savaient, ils savent qu’ils peuvent me déranger autant qu’ils veulent, et confiants que je vais répondre à leurs questions, ils ne me dérangent guère ! Un jour, remarquant tous mes livres et mes documents empilés, ils m’ont demandé si j’avais aimé aller à l’école. « Oui, leur ai-je répondu, j’ai été à l’école dès la deuxième journée de ma vie. C’est pour ça que grand-maman ne s’est jamais arrêtée d’étudier, et qu’elle n’arrêtera pas de le faire. » Totalement incrédules, ils m’ont pressée de questions.

Et pourtant, c’est bien vrai. Ma maman était institutrice. Enceinte de moi, elle avait continué à enseigner dans une petite école d’une classe à multiniveaux avec une vingtaine d’élèves de six à quatorze ans. (Lors d’une tournée de conférences en France, il y a une trentaine d’années, j’ai rencontré quelques-uns des grands gaillards qui l’avait fréquentée, et ils m’ont dit garder de ma mère un souvenir ineffaçable alors qu’il lui devait d’avoir découvert leur vocation.) Maman a accouché un samedi, jour férié dans cette école, et le lundi matin… j’étais à l’école moi aussi ! Elle m’avait placée dans un couffin rangé sous son grand pupitre de maîtresse d’école d’autrefois. Dès qu’elle m’entendait faire le moindre bruit, elle me prenait dans ses bras, m’allaitait tout en continuant son travail, puis me remettait sous son bureau. J’ai ainsi été à l’école jusqu’aux grandes vacances au début de juillet.

Ironiquement, ma mère ne s’est absolument pas posée de questions sur la conciliation travail-famille – terme inconnu à cette époque. Elle l’a fait spontanément, simplement, maternellement -- par amour de mère. Et, personne, à cette époque, et dans ce milieu, n’a trouvé à redire quoi que ce soit à cela.

Qu’en dites-vous ?

©Danièle Starenkyj

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