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Danièle Starenkyj

Une image vaut mille mots

L’exposition aux écrans dès le berceau est « un enjeu de santé publique » affirme de nombreux spécialistes de l’enfance. Bien sûr, ils ont leurs détracteurs qui n’hésitent pas à les discréditer. Par contre, certains pays ont déjà mis sur pied des campagnes de prévention pour contrer ce phénomène de plus en plus envahissant. En Allemagne, ces campagnes ont été lancées dans les crèches pour inciter les parents à regarder leur bébé – oui, c’est exactement ça. À Taïwan, des amendes de 1400 euros peuvent être imposées à un parent qui laisse son enfant de moins de deux ans devant les écrans1. En France, on veut espérer que la nouvelle donne de la politique du nouveau président qui a martelé l’importance qu’il voulait accorder à la prévention permettra d’aborder officiellement la surexposition des jeunes enfants aux écrans.

Notre société accro et hypnotisée – du plus grand au plus petit – par les écrans qui ne cessent de se multiplier, semble avoir oublié que « l’encéphale ne s’organise pas en observant – en télévisionnant – le réel MAIS EN AGISSANT sur lui2 ». L’interaction de l’enfant avec ses parents et sa fratrie, est source de connaissance et d’acquisition des compétences propres à l’humain qui possède un cerveau aux possibilités infinies. Les compétences humaines ne s’acquièrent pas par leur observation passive mais toujours par leur pratique active. Allons ! apprend-on à dessiner en se contentant de regarder quelqu’un dessiner ? Devient-on un pro du tennis en regardant des matchs à la télé ? Ou un pianiste virtuose en se contentant d’écouter de jeunes prodiges ?

Que fait-on de ses nombreuses études qui prouvent que le développement de l’enfant exige pour être optimal une abondance de stimulations sensorielles humaines : l’enfant doit être regardé affectueusement dans les yeux ; il doit être touché, caressé, porté ; il doit être remarqué, écouté attentivement sans aucune autre distraction. Or --faut-il le dire ? -- ce genre d’interactions ne peut survenir qu’entre deux humains EN PRÉSENCE l’un de l’autre. Seul ce contact en continu permet la fabrication de « plusieurs milliers de milliards de liaisons intercellulaires supplémentaires2 » dans le cerveau de l’enfant.

Les chercheurs parlent d’un « déficit vidéo ». Ils s’expliquent : « Si vous mettez l’enfant devant un écran, il pourra parfois apprendre quelque chose, mais ce quelque chose sera toujours notablement inférieur à ce qu’il aurait appris d’une interaction effective avec son environnement2. »

Et si les mots ne vous convainquent pas, regardez cette image. Ne vous crie-t-elle pas que l’écran qui ne répond pas quand l’enfant appelle, qui reste indifférent quand il sourit, qui ne tourne pas la tête quand il lui fait signe, qui ne s’arrête pas de parler quand il essaie de balbutier quelques mots, n’est pas le moteur de la croissance de l’enfant3 ? ©2017

1. Jean-Yves Nau, journaliste et docteur en médecine, « Petits-enfants malades des écrans : quand la ministre de la Santé se saisira-t-elle du dossier ?, le 31 mai 2017. 2. Michel Desmurget, TV LOBOTOMIE, Max Milo Éditions, Paris, p.160, p.158, p. 164, 2011. 3. Ross Campbell, Comment vraiment aimer votre enfant, Orion, 2012.

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