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Danièle Starenkyj

UN PEU, BEAUCOUP, PASSIONNÉMENT… PAS DU TOUT

Une substance naturelle ou synthétique, utilisée à des fins non médicales et qui modifie, par son action élective sur le cerveau, la conscience et le comportement de l’individu qui en retire un soulagement, un effet de bien-être, une fuite loin de soi-même et de ses problèmes personnels, est une drogue. Voilà une définition qui mérite réflexion.

Toutes les drogues favorisent l’oubli en provoquant deux grandes classes de sensations : l’ivresse ou le voyage. Toutes les drogues font subir au corps un stress car toutes elles l’agressent et provoquent une réaction d’alarme, source d’usure physique et nerveuse. Douces ou dures, légales ou illégales, toutes les drogues, quelle que soit la quantité utilisée, usent le corps de façon inégale, perturbent le système nerveux de façon inégale, altèrent la conscience de façon inégale. Toutes les drogues déséquilibrent de façon inégale.

Phénomène surprenant, il a suffi d’accoler à certaines drogues douces et légales, les épithètes « biologique », « écologique », ou « équitable » pour les bonifier instantanément ! Et c’est ainsi -- après quelques décennies d’abstention par ceux soucieux de leur santé -- que beaucoup ont oublié le jus de raisin, le café de céréales, les tisanes et la caroube, pour se remettre, la conscience en paix, à boire vin, bière, café et thé, et à se régaler de cacao.

On parle d’une « éclipse » de la connaissance scientifique, mais on s’est repris en avançant que l’impunité avec ces produits se situe au niveau de la MODÉRATION. En janvier 2016, l’Angleterre publiait de nouvelles recommandations sur la consommation d’alcool révisant à la baisse la limite au-delà de laquelle le risque pour la santé est important, et donnait la même limite totale pour les hommes et les femmes : 7 verres de vin par semaine. Ainsi, ce qui est modéré aujourd’hui au vu d’un lien formel établi entre la consommation d’alcool et différents types de cancer – de la bouche, de la gorge, du sein ou du foie – est plus modéré que hier…

En juin 2017, une étude1 sur l’usage – dit abusif -- des dernières 30 années, affirmait qu’il s’agissait là d’un facteur de risque d'atrophie de l'hippocampe, un type de dommage qui nuit à la mémoire et à la navigation spatiale. Par contre, même les buveurs modérés multipliaient PAR TROIS leur risque de perte d’intégrité de la matière blanche et de déclin plus rapide de la langue parlée, comparativement à ceux qui ne buvaient pas du tout.

Alors, je vous propose l’abstention2 – non merci, je ne bois pas – que j’appelle le minimalisme dans la santé. Détachement volontaire, le minimalisme dans la vie et la santé est une véritable richesse, une épuration des pensées et des comportements, qui débouche sur cette victoire héroïque pour laquelle il vaille la peine de combattre : la maîtrise de soi dans le respect des autres.

© 2107 Danièle Starenkyj

1. Topiwala A. et coll., Moderate alcohol consumption as risk factor for adverse brain outcomes and cognitive decline : longitudinal cohort study, BMJ, 357 : j2353, 2017.

2. Starenkyj D., LA SANTÉ TOTALE, L’abstention raisonnée, p. 113-145, Les voies vers la sobriété, p. 307-331, Orion, 2009.

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