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Danièle Starenkyj

LA COVID ET LES HOMMES CÉLIBATAIRES : UNE ÉTUDE SURPRENANTE

→ Le 11 mars 2020, l’Organisation mondiale de la santé qualifiait l’épidémie de Covid-19 de PANDÉMIE.


→ Le 16 février 2023, suite à de sérieuses manifestations contre le confinement, la Chine déclarait une « victoire décisive » contre le virus.


→ D’autres voix se sont immédiatement élevées pour tempérer cet enthousiasme et rappeler que le monde n’était pas sorti d’affaire : l’émergence de nouvelles variantes plus ou moins dangereuses exigeait une vigilance soutenue et des campagnes sérieuses d’information et de prévention.


→ Et surprise des surprises, sur la base d'une cohorte de 46 450 répondants dans 67 pays, une étude publiée le 21 juin 2022 suggérait que les autorités publiques auraient intérêt à mettre l'accent sur un groupe démographique jusqu’à présent non pressenti : les hommes célibataires.


DES CHIFFRES QUI PARLENT


→ Dès le début de la pandémie, on a pris conscience que les hommes étaient deux fois plus nombreux à décéder du coronavirus que les femmes. On en a conclu que leur immunité devait être plus faible face à ce virus.


→ Mais il est aussi apparu que les célibataires étaient 1,5 à 2 fois plus nombreux que les hommes mariés à décéder de la maladie.


→ La conclusion qui s’est imposée est que les hommes célibataires sont donc tout particulièrement menacés par le coronavirus.

MAIS, VRAIMENT, COMMENT ÇA ?


L’hypothèse, qui a été vérifiée, est que ce taux de mortalité plus élevé peut s'expliquer, en partie, par les différences de respect des mesures de protection sanitaire contre la Covid-19 (port du masque, lavage des mains, distanciation sociale) entre les célibataires et les hommes mariés.


Oui, les données recueillies auprès d’une vaste cohorte (46 450 répondants) révèlent que les hommes mariés sont plus susceptibles de se conformer aux mesures de protection que les célibataires. Les auteurs de cette étude affirment que ces résultats récoltés dans un grand nombre de pays (67) sont robustes, et indépendants des différences de culture, de valeurs, ou de taux d'infection entre les pays.


Ainsi, les hommes mariés, nous dit-on, étaient plus susceptibles de déclarer avoir adopté ces comportements protecteurs que les hommes célibataires. Bien que les femmes soient plus prudentes que les hommes dans le monde entier, les femmes mariées ont également fait part de préoccupations légèrement plus importantes que les femmes célibataires en ce qui concerne la protection contre le virus de la Covid-19.


Pour les auteurs de cette recherche, le constat que les personnes mariées sont plus prudentes face aux risques pour la santé du virus Covid-19 est IMPORTANT. Ces données confirmeraient le rôle inhérent du mariage (et non de la parentalité ou de l'âge) dans l'adoption d'un comportement protecteur contre la Covid-19. En mots simples, le mariage aurait un rôle protecteur contre cette infection.


DEUX GRANDES QUESTIONS


Les hommes mariés


1) craignent-ils davantage pour leur propre santé ou

2) ont-ils plus de motivation à protéger les autres ?


Les scientifiques ont trouvé que le fait d’être au courant des risques d’infection influence les populations à adopter des comportements de protection, et à ce niveau, il n’y a pas de différences importantes entre les célibataires et les hommes mariés. Par contre, ayant mesuré les niveaux d'appartenance sociale et d'identité morale de leurs répondants et les ayant analysés, ils ont trouvé que la différence entre les célibataires et les hommes mariés résidait dans le fait que les hommes mariés ont des aspirations et des comportements prosociaux plus développés – attention aux autres, altruisme, scrupules moraux, sentiment d’appartenance à un groupe plus grand qu’eux.


Le célibataire se distingue par une moindre attention aux autres, moins de scrupules sociaux et surtout un moindre sentiment d’appartenance à un collectif.


UNE RÉFLEXION


Être seul, sans attache humaine profonde, est assurément un problème répandu dans nos sociétés. Face à la pandémie de Covid-19, la solitude sociale et personnelle nous révèle de nouvelles et malheureuses conséquences sur la santé individuelle et collective. Je n’ai jamais oublié cette pensée entendue je ne sais plus où : un humain, pour le rester, a besoin de savoir que quelqu’un, quelque part, l’attend…


CONCLUSIONS


Voici les conclusions de cette étude surprenante :


« Imposer des mesures sanitaires par la contrainte a montré ses limites. Une piste non explorée jusqu’à présent serait de veiller à lutter contre l’isolement des hommes célibataires afin de susciter leur sentiment d’appartenance et leur désir de protéger les autres.


Les inclure davantage dans le tissu social, les aider à créer du lien, ces mesures, pour l’instant jamais envisagées, pourraient contribuer à améliorer leur respect des consignes, favorisant ainsi leur propre espérance de vie et diminuant globalement les risques de contagion. »


RÉFÉRENCES

1. Sylvie Borau , Hélène Couprie , Astrid Hopfensitz , The prosociality of married people: Evidence from a large multinational sample, J Econ Psychol, 2022.

2. Sylvie Borau , Hélène Couprie , Astrid Hopfensitz, Target single men to counter new Covid-19 variants, health survey of more than 45 000 people reveals, THE CONVERSATION, février, 2023.




















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