ÊTES-VOUS ÉCO-ANXIEUX ?
*Des enfants de quatre ans dessinent la fin du monde. *Des adolescents tout autour du monde font la grève de l’école pour le climat. *Une gamine de 16 ans est invitée, et écoutée, au Forum économique international à Davos (Suisse), le 23 janvier 2019. Sans aucun sourire, les sourcils froncés, le regard sombre, les lèvres pincées, elle affronte cette élite mondiale de 3000 participants qui se présente comme étant engagée à améliorer l’état du monde 1 : « Plutôt que de chercher l’espoir, cherchez l’action. » L’action… pourquoi ? Les scientifiques, sur lesquels elle base son discours, l’affirment : « Le monde est à moins de 11 ans des impacts irréversibles du changement climatique. » *Des étudiants universitaires ne le cachent plus : ils sont inquiets, et ne croient pas à un avenir. *De jeunes adultes renoncent à mettre au monde des enfants. Ils ont lu et réfléchi, entre autres, aux statistiques climatiques réalistes et sombres du GIEC – le Groupe international d’experts sur l’évaluation du climat.
ÉCO-ANXIÉTÉ ET ÉCOPSYCHOLOGIE
D’autres experts parlent d’éco-anxiété et offrent à leurs victimes l’aide d’une nouvelle thérapeutique : l’écopsychologie. On qualifie cette anxiété de « nouveau mal du siècle », et on a inventé un néologisme pour en parler : la solastalgie (Glen Albrecht) ou le sentiment douloureux d’être privé de l’essence même de son environnement. L’éco-anxiété, nous dit-on, est plus qu’une peur, c’est un trouble qui tourne à la maladie avec insomnie, perte de l’appétit, désir de ne plus rien faire, dépression grave.
VERT PARADOXE 2
Des spécialistes parlent de paradoxe : * « Le vrai paradoxe, c’est que les solutions les plus efficaces et les moins traumatisantes ne nous plaisent pas. » (Serge Latouche, objecteur de croissance) * « Les seuls changements dont il vaut la peine de parler sont les changements radicaux. » (David J. C. MacKay, L’énergie durable : pas que du vent) * « S’agissant du réchauffement climatique et de la crise énergétique, le mantra « petit changement, grande différence », n’est que de la foutaise. » (David Owen, le piège des solutions écoénergétiques) * « Le souci de l’environnement habite notre cœur, mais pas nos actes. » (David G. Nocera, photosynthèse artificielle)
QUE PEUT-ON FAIRE ?
Il vaut mieux agir que de laisser faire, mais il faut agir mais là où l’on peut agir directement, i.e. personnellement :
1. Pratiquer une ALIMENTATION RESPONSABLE : « Si vous voulez réduire votre empreinte écologique de façon rapide, radicale et permanente, devenez végétarien. » (James E. McWilliams) Et en abandonnant complètement tous les aliments (et toutes les boissons) ultratransformés qui nous sont offerts dans une débauche d’emballages plastiques, nous cesserons de contribuer à la pollution du plastique.
2. Opter pour le MINIMALISME NUMÉRIQUE 3. Les médias sociaux consomment une quantité d’énergie énorme et cela ne cesse d’aller en augmentant, énergie énorme issue des énergies fossiles. Selon Saul Griffith, il est fort probable que le bilan carbone et énergétique d’Internet dépasse aujourd’hui celui du transport aérien (atteignant peut-être même le double). Et il s’alourdit plus rapidement que celui de la plupart des autres secteurs de l’activité humaine.
3. Cesser de croire à la nécessité, à la possibilité, d’une croissance illimitée dans un MONDE LIMITÉ. Combattre l’obsolence programmée.
4. RÉFLÉCHIR. RÉFLÉCHIR. RÉFLÉCHIR. On peut commencer par le faire avec Herman E. Daly, économiste écologique : « Si le monde et ses habitants humains ne sont que d’aléatoires improbabilités éphémères ayant surgi au fil de milliards d’années de mouvement atomique, sortis victorieux d’une lutte pour le succès reproductif entre des organismes ayant émergé au hasard, et que les valeurs ne sont que des stratégies de survie issues de gènes individualistes avides de se perpétuer, et ainsi de suite, alors pourquoi s’en faire ? Si le monde n’est pas une création sacrée mais une chose aléatoire et temporaire, alors pourquoi ne pas s’en donner à cœur joie et le mettre en lambeaux ? » (Valuing the Earth : Economy, Ecology, Ethics)
5. Répondre à ces questions nous permettra de juger de la logique de notre vision du monde. L’absurde débouche sur l’ABSURDE. « Après nous le déluge 4… ». Cette vision du monde est cruelle, destructrice, d’un égoïsme absolu.
LE CHOIX DE LA GRATITUDE AU QUOTIDIEN
La gratitude est thérapeutique. MERCI pour AUJOURD’HUI. J’accepte avec reconnaissance qu’ « à chaque jour suffit sa peine 5 ». Aujourd’hui ne peut contenir ni les regrets d’hier ni les inquiétudes de demain, au risque d’être anéanti. Car c’est au présent que l’on vit. C’est au présent que l’on aime. C’est au présent que l’on agit. Et si chaque soir on peut se coucher avec le sentiment d’avoir fait honnêtement ce que l’on avait à faire ce jour-là, on aura bien vécu sa journée. AUJOURD’HUI, je dis merci pour la vie, le soleil, l’air frais, la promenade rapide, le repas végétal, les oiseux qui piaillent, les érables qui commencent à couler, et les échanges affectueux avec ceux que la vie a placés sur mon chemin. Essayez et vous verrez : c'est à dire merci pour CE QUE L’ON A que l’on cesse de souffrir pour ce que l’on n’a plus… ou n’aura pas…
©2019 Danièle Starenkyj
1. Greta Thunberg: Brut nature FR - Discours de Greta Thunberg à la COP24
2. David Owen, Vert Paradoxe, Écosociété, 2013. 3. Cal Newport, Digital Minimalism, Penguin, 2019. 4. Phrase attribuée à Mme de Maintenon ou Mme de Barry refusant de s’inquiéter devant les troubles avant-coureurs de la Révolution française en 1789. 5. Évangile selon Matthieu, chapitre 6, verset 34.