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  • Danièle Starenkyj

LE CÔTÉ SOMBRE DU FER

Le fer est un nutriment indispensable à la vie. Il participe à de nombreuses fonctions du corps humain, dont le transport de l'oxygène, l'immunité, la division et la différenciation cellulaires, et le métabolisme énergétique.


Sa CARENCE entraîne une anémie ferriprive qui touche actuellement environ 1,2 milliard de personnes dans le monde. Elle cause une fatigue intense, une capacité de travail physique réduite, un essoufflement, de la pâleur, des maux de tête, des vertiges, une peau et des cheveux secs, entre autres. Ce phénomène est bien connu, et, médicalement, il est corrigé par une supplémentation en fer orale ou intraveineuse.


Par contre, la supplémentation en fer entraîne régulièrement un EXCÈS de fer qui peut s’accompagner de nombreux effets secondaires tels que le stress oxydatif (agression des cellules par des radicaux libres qui peuvent déboucher sur des lésions de l'ADN qui conduisent à la mort cellulaire), l'inflammation générale et locale de l'intestin, la dysbiose (un déséquilibre du microbiote intestinal), les processus cancérigènes (cancer colorectal), et les effets indésirables gastro-intestinaux.


Passons en revue ces effets indésirables graves associés à la supplémentation en fer pour corriger une anémie ferriprive.



LA TOXICITÉ DU FER


La toxicité du fer découle de deux caractéristiques distinctes de ce métal :


→ sa capacité à générer des radicaux libres


→ et son rôle de facteur de croissance essentiel pour la quasi-totalité des bactéries pathogènes (pouvant déclencher une maladie), des champignons et des protozoaires (organismes unicellulaires), ainsi que pour toutes les cellules néoplasiques (cellules bénignes ou malignes présentes dans une tumeur).


LE FER ET LE STRESS OXYDATIF

La surcharge en fer augmente la quantité du fer qui n’est pas lié à la transferrine, la protéine qui sert au transport du fer. Le fer non lié, dit libre, est particulièrement dangereux car il entraîne la génération de radicaux libres.

L'intestin grêle est le principal site d'absorption et de régulation du fer. Ainsi, les réactions génératrices de radicaux libres affectent principalement cette partie du tractus gastro-intestinal. La surproduction de radicaux libres entraîne des modifications cellulaires et augmente la perméabilité de la barrière intestinale.


Ces modifications, qui augmentent avec la supplémentation orale en fer, provoquent une inflammation, première étape du déclenchement de la voie de la mort cellulaire, et de la destruction des membranes cellulaires. La fonction de barrière intestinale est perturbée ce qui contribue à l'augmentation de la pénétration de substances telles que les toxines bactériennes dans la circulation sanguine. On a aussi signalé des altérations des villosités intestinales.


LE FER ET LE MICROBIOTE


La supplémentation en fer est courante mais elle a des effets néfastes sur le microbiote intestinal. L'excès de fer non absorbé passe par le côlon et crée des réactions qui provoquent des effets délétères non seulement sur la structure intestinale mais aussi sur le microbiote, et sur la composition de la flore intestinale, ce qui influence l'absorption du fer.


Certaines études ont montré qu’après une supplémentation en fer par voie orale, on observe une réduction de l'abondance des bactéries bénéfiques en même temps qu'une augmentation de l'abondance des bactéries nocives.

Par exemple, des enfants africains anémiques nourris avec des biscuits enrichis en fer pendant six mois, ont présenté un rapport défavorable entre les bactéries pathogènes et les bactéries habituelles, et une concentration accrue de calprotectine dans les selles. La calprotectine est une protéine produite par des globules blancs chargés de défendre l'organisme contre les « agressions ». Elle est une claire indication d’une inflammation intestinale.



MALADIES INFLAMMATOIRES DE L’INTESTIN


La colite ulcéreuse et la maladie de Crohn, mais aussi la maladie cœliaque, sont des affections inflammatoires chroniques et récidivantes du tractus gastro-intestinal qui sont exacerbées par la supplémentation orale en fer.

L'administration de fer par voie orale peut entraîner, dans un premier temps, des effets secondaires dus à une grande quantité de fer non absorbé (environ 90 %) restant dans les intestins. Il peut s’en suivre notamment une inflammation de l’estomac et du duodénum (gastroduodénite), des nausées, des ballonnements, des vomissements, une dyspepsie, une constipation, une diarrhée, des douleurs abdominales ou une coloration plus foncée des selles. Le traitement avec du fer par voie orale est alors abandonné par 50 % des patients.


LE CANCER COLORECTAL


Le cancer colorectal est le troisième cancer le plus fréquemment diagnostiqué dans le monde et la deuxième cause de mortalité.


Des recherches de plus en plus nombreuses indiquent que la supplémentation en fer et les modifications de la composition du microbiote intestinal qui en résultent sont des facteurs essentiels du développement du cancer colorectal.


RÉSUMÉ


Les effets secondaires de la supplémentation en fer sont indiscutables et souvent irréversibles, que le fer soit administré par la bouche ou dans le sang.


La supplémentation orale en fer active la production de radicaux libres simultanément dans la paroi intestinale et dans les cellules des intestins et du côlon.


C'est le début du processus inflammatoire local qui conduit à une atteinte de l'intégrité de la paroi intestinale et aboutit à un syndrome de l'intestin perméable (leaky gut).


La perméabilité accrue de la paroi intestinale entraîne la fuite de métabolites et de toxines bactériennes dans le sang, ce qui provoque une endotoxémie et contribue à l'inflammation généralisée.


Dans le cas des maladies intestinales inflammatoires, cela aggrave les symptômes cliniques.

L’excès des souches bactériennes défavorables entraîne une absorption accrue de l'énergie des aliments et une augmentation du poids corporel. Cela est particulièrement préjudiciable pour les personnes obèses qui ne comprennent pas qu’elles ne maigrissent pas malgré leurs efforts de limiter leur apport alimentaire.


CONCLUSION


Une surcharge en fer entraîne des modifications corporelles nombreuses. L'excès de fer se dépose principalement dans le foie, le cœur et les organes endocriniens et y cause des lésions.


→ Les lésions du foie peuvent entraîner une maladie hépatique chronique, une cirrhose et un carcinome hépatocellulaire.


→ Les lésions du muscle cardiaque peuvent entraîner une insuffisance cardiaque et des irrégularités du rythme cardiaque.


→ Les lésions du pancréas peuvent entraîner une élévation de la glycémie et un diabète « de bronze ».


L'hypothyroïdie et l'hypogonadisme peuvent entraîner de la fatigue, la perte de cheveux, la stérilité et une baisse de la libido.


L'atteinte des articulations conduit à l'arthrite.


L'atteinte neurologique peut accélérer les maladies neurodégénératives telles que la maladie d'Alzheimer.


Dans notre prochain blogue, nous rapporterons les grandes lignes du traitement préventif global et NATUREL de l’anémie.


© 2024 Danièle Starenkyj

SOURCES ET RÉFÉRENCES

Elif Piskin et coll., Iron Absorption: Factors, Limitations, and Improvement Methods, ACS Omega, 2022.

Ida J. Malesza et coll., The Dark Side of Iron: The Relationship between Iron, Inflammation and Gut Microbiota in Selected Diseases Associated with Iron Deficiency Anaemia—A Narrative Review, Nutrients, 2022.

Ke Gu  et coll., Iron overload induces colitis by modulating ferroptosis and interfering gut microbiota in mice, Sci Total Environ, 2023.


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