top of page
  • Danièle Starenkyj

L’EXCÈS DE PROTÉINES, LE MICROBIOTE, ET LE CERVEAU

La carence en protéines, de ça, on en a entendu parler… Mais l’excès protéines ? Non ! De quoi s’agit-il ?


PAS DE RÉSERVES DE PROTÉINES


Voilà, notre corps ne peut pas stocker les protéines. Oui, il stocke les hydrates de carbone ou glucides dans le foie et dans les muscles sous forme de glycogène ou, sous l’effet de brusques déversements d’insuline, il les transforme en graisses. Notre corps stocke aussi les graisses (lipides) sur nos hanches, dans nos vaisseaux sanguins, dans et autour de nos viscères, enfin où il peut. MAIS les protéines non utilisées doivent être excrétées.


LE PROBLÈME


Lorsque le régime alimentaire est riche en hydrates de carbone entiers (riches en fibres), très peu de protéines alimentaires parviennent dans le côlon. Par contre, chaque fois que la ration de protéines dépasse les besoins du corps, le pancréas et l’intestin grêle chargés de les convertir en acides aminés, et le foie chargé de les transformer en urée qui doit être éliminé par les reins peuvent facilement être surchargés, surmenés, vieillir prématurément, et faillir à leur tâche.


Dès le milieu du 19e siècle, il avait été établi que la ration protidique quotidienne normale et physiologique était d’environ 30 g. Par contre, rapidement la ration de 118 g (Carl Voit) et même 125 g (W.D. Atwater) s’imposa avec, entre autres, ce slogan : « Une grosse portion de protéines (animales) est le droit de l’homme civilisé. » La viande, le fromage, les œufs devinrent un signe d’affluence, de force, de supériorité raciale, et rapidement ils remplacèrent le pain complet, les céréales entières, et une bonne partie des légumes dans le régime quotidien des Occidentaux. Aujourd’hui, la consommation habituelle quotidienne de protéines est autour de 100 g par personne.


LA PUTRÉFACTION INTESTINALE DES PROTÉINES


Dans ce nouveau paysage alimentaire pauvre en fibres, le côlon devient obligatoirement le réceptacle des protéines non digérées consommées en excès et qui n’ont plus d’autre choix que d’être attaquées par les bactéries du microbiote.


On sait que le microbiote varie selon les alimentations : une alimentation riche en fibres produit un microbiote aux bactéries dites de fermentation, alors qu’une alimentation pauvre en fibres et riche en protéines produit un microbiote aux bactéries dites de putréfaction.


L’AMMONIAQUE, LES AMINES TOXIQUES ET LE CERVEAU


Bien sûr, les bactéries de putréfaction ont plusieurs tours dans leur sac… Mais ce sont des MAUVAIS tours, car en s’attaquant de diverses manières à ce surplus de protéines, elles produisent un grand nombre de substances qui sont toutes TOXIQUES pour l’organisme et plus particulièrement pour le CERVEAU.


L’ammoniaque. Plus on consomme de protéines, plus on fabrique d’ammoniaque. Les bactéries du microbiote en s’attaquant aux acides aminés présents dans le côlon augmentent le taux d’ammoniaque dans le corps et alourdissent le travail du foie. L’ammoniaque générée dans le côlon est récupérée dans le sang et apportée au foie qui doit la métaboliser. Un foie fatigué, surchargé ou malade n’arrive plus à dégrader adéquatement l’ammoniaque qui devra alors entrer dans la circulation générale.


Les premiers symptômes d’une intoxication sont : des nausées, des vomissements, une perte de l’appétit. Puis, après avoir circulée dans le sang, l’ammoniaque arrivera au cerveau où elle pourra induire une inflammation qui pourra se manifester par des troubles neuropsychiques (encéphalopathie hépatique) qui pourront prendre la forme d’une confusion mentale, d’une épilepsie, ou d’un coma.


La confusion mentale n’est pas une chose banale : il y a altération de la conscience, une lenteur des perceptions et de la reconnaissance. Il y a désorientation dans le temps et l’espace. On peut aussi remarquer un délire de rêve qui apporte des illusions, des hallucinations surtout visuelles et parfois terrifiantes auxquelles l’individu adhère et participe par la parole et le geste.


• L’ammoniaque augmente aussi la sensibilité de l’individu aux infections virales. Elle ralentit la croissance des cellules normales mais non celle des cellules cancéreuses.


• Le Dr Michael Fisman a publié une communication qui a retenu l’attention de quelques chercheurs indiquant que les personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer avaient des taux anormalement élevés d’ammoniaque dans leur sang.


Est-il difficile de comprendre maintenant que la consommation de protéines concentrées liquides ou en poudre (végétales ou animales) par les sportifs dans le but d’augmenter la masse musculaire, la force et l’endurance soulève l’inquiétude de nombreuses autorités qui considèrent que cette pratique tend à augmenter la production d’ammoniaque dans le corps et donc à favoriser les problèmes qui lui sont inhérents ?


Les amines toxiques. Les amines toxiques dans leurs efforts de disloquer les acides aminés arrivés dans le côlon les transforment en substances chimiques puissantes : histamine, tyramine, cadavérine, putrescine. Ce mauvais tour s’appelle la décarboxylation.


• L’histamine est un produit normal de la dégradation des protéines. Elle est rapidement détruite par le foie lorsqu’il est en bonne santé. Un foie endommagé (alcool, sucre, café, etc.) n’arrive plus à neutraliser l’histamine qui alors s’accumule dans le sang. L’histamine produit la vasodilation des capillaires sanguins ce qui peut entraîner des phénomènes inflammatoires des yeux, du nez, de la gorge, etc., l’augmentation de la sécrétion gastrique avec hyperacidité et risque accru d’ulcère gastro-intestinal. Elle provoque aussi des phénomènes de sensibilisation, d’allergie et d’hypersensibilité (anaphylaxie).


• On retrouve des quantités anormales d’histamine chez un certain groupe de schizophrènes. Pfeiffer, Illiev et Goldstein, psychiatres, ont découvert que 20 % de leurs patients avaient trop d’histamine et que leurs symptômes s’atténuaient puis disparaissaient dans la mesure où leurs taux d’histamine produite par les bactéries du côlon et absorbée dans le sang, redevenaient normaux. Leurs symptômes étaient les suivants : incidence élevée d’allergies, obsession de suicide, troubles de la pensée, perceptions faussées (entendre, voir, sentir ce qui n’est pas), éjaculation précoce ou excessivement facile à déclencher chez l’homme, orgasmes répétés, prolongés et douloureux chez la femme, dépression profonde.


• Pfeiffer a aussi remarqué que le patient au taux d’histamine élevé risquait d’être un buveur invétéré qui satisfaisait ses tendances suicidaires par le lent processus d’autodestruction que l’alcool entraîne.


• La tyramine est une autre amine toxique fabriquée par les bactéries du côlon. Elle est très voisine de l’adrénaline. Elle élève la pression sanguine, accélère les battements du cœur et contracte les vaisseaux. Non transformée par le foie, la tyramine pénètre dans le système nerveux central où elle devient un faux neurotransmetteur et brouille ou interrompt les voies normales de communication dans le cerveau. Le fromage et le vin sont des sources abondantes de tyramine qui causent des maux de tête, des douleurs dans le cou et des sueurs faciales.


• Le tryptophane est un acide aminé que le corps ne fabrique pas et qui se trouve en abondance dans la viande, le poisson, les produits laitiers, le soja et les graines de citrouille. Le tryptophane est un précurseur de la niacine (B3) et de la sérotonine qui jouent un rôle important au niveau des centres nerveux en tant que médiateur chimique.


Par contre, le tryptophane peut aussi être le plus toxique des 10 acides aminés essentiels. Il doit être métabolisé rapidement par une enzyme dans le foie.


Un foie fatigué, une prise excessive d’acides aminés purs ou une hyperconsommation de protéines peuvent alors provoquer des étourdissements, de l’euphorie, une sensation de tête légère, ou de la somnolence, de la fatigue, des bâillements fréquents. Le tryptophane peut aggraver le comportement schizophrène avec perte d’inhibition sociale. Un régime pauvre en tryptophane dans une étude suédoise a amélioré l’asthme.


• Le tryptophane qui parvient dans le côlon va permettre la fête aux bactéries de putréfaction. Indole, scatole, indican, tryptamine vont apparaître. Ces substances sont considérées comme des hallucinogènes. Elles se retrouvent en quantité élevée dans les urines de certains schizophrènes. On a aussi rapporté que l’indole et le scatole produisaient une arthrite chronique et des déformations importantes des jointures. Le fromage est une source alimentaire d’indole et de scatole.


• La tyrosine, un autre acide aminé, sous l’action des bactéries du côlon va produire du phénol, un irritant du système nerveux.


• La cystine et la cystéine peuvent être transformées en mercaptans dont la désintégration produit du méthane et de l’hydrogène sulfuré qui donnent aux selles et aux gaz une odeur nauséabonde.


Faisons une pause… Il existe un remède extraordinaire à toute cette alchimie toxique. Nous en parlerons dans le premier blogue de 2022. D’ici là, pensez pain complet, céréales entières, légumes racines plutôt que viande, fromage et sucre. Votre microbiote et votre cerveau vous en seront reconnaissants.


©2021 Danièle Starenkyj

RÉFÉRENCES

Starenkyj D., MON PETIT DOCTEUR, Quand les barbares envahissent… Orion, 2017.

Michael Fisman, et coll., Hyperammonemia in Alzheimer’s Disease, Am J Psychiatry, 1985.

356 vues
Posts à l'affiche
Posts récents
Archives
Retrouvez-nous
  • Facebook Basic Square
bottom of page