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  • Danièle Starenkyj

L’EFFET LAPIN, LA PUISSANCE DE LA GENTILLESSE, ET LA COVID-19

Du jamais vu : des lapins soumis à un régime riche en cholestérol (2 %) se retrouvent avec des taux de cholestérol sérique, une fréquence cardiaque et une pression artérielle qui les destinent tous à des problèmes cardiovasculaires sévères. Par contre, lors d’une analyse microscopique, le Dr Robert Nerem constate que certains lapins ont moins de dépôts graisseux à l’intérieur des artères. En fait, un groupe de lapins montre une réduction de plus de 60 % du pourcentage de la surface aortique présentant des lésions, et cela en dépit du taux de cholestérol sérique, d’une fréquence cardiaque et d’une pression artérielle comparables.


Pourquoi ? Comment ? On découvre que les lapins aux dépôts moindres ont reçu des soins privilégiés : la laborantine préposée à leur alimentation, tout en leur donnant les mêmes rations alimentaires, les a aussi individuellement caressés et tenus dans les bras ; elle leur a dit des mots doux, fait des chatouilles et des sourires.

En réalité, comme l’a fait remarquer le Dr Nerem, cette jeune femme affectueuse tout en leur donnant une moulée conçue pour les rendre malades – les lapins qui reçoivent une pâtée additionnée de cholestérol pur développent une athérosclérose semblable à celle des humains -- leur a aussi donné de l’amour. Et des lapins au style vie malsain ont eu la vie sauve.

UNE (RE)DÉCOUVERTE DÉTERMINANTE


Dans un monde scientifique qui en 1980 fractionnait l’être humain en parties et ne considérait que les processus biologiques internes, la réalisation que l’environnement social avait un impact aussi puissant sur la physiologie a redonné à la maxime d’Hippocrate toute sa valeur de profonde et urgente vérité : « Soigner parfois, traiter souvent, et RÉCONFORTER TOUJOURS. » Oui, être gentil c’est la dimension sociale de la santé, une dimension vitale que les avancées biomédicales les plus sophistiquées et les directives d'auto-assistance les plus pointues ne peuvent fournir ni combler.


UNE DÉFINITION SIMPLE


« La GENTILLESSE est un don librement consenti par une personne à une autre non seulement dans les services de santé, mais partout ailleurs. » (Chadwick) Absolument indispensable lors de consultations médicales et de séjours hospitaliers, la GENTILLESSE est un facteur extérieur dont l’influence est déterminante pour notre bien-être physique et mental. Or, ce facteur de santé extérieur peut uniquement être comblé par des relations humaines altruistes et compatissantes.


La gentillesse est importante tant pour nous-mêmes que pour ceux qui nous entourent. Ceux qui ont eu à vivre un séjour en milieu hospitalier savent très bien que les moments exquis de la journée étaient ceux où ils vivaient un simple contact humain avec leurs soignants gentils ou avec leurs proches gentils. Leur gentillesse rendait « l'insupportable supportable ».


La gentillesse encourage un sentiment de vivacité. Elle crée un désir joyeux de vivre. Elle produit un rapprochement avec les autres. Elle développe une forme d’intimité et d'implication avec les autres que chacun de nous recherche au plus profond de lui-même. Et concrètement, elle peut protéger des effets maléfiques de nos mauvaises habitudes alimentaires et de vie.


LA GENTILLESSE À L’HEURE DE LA COVID-19


Un simple sourire, un merci bien senti, une écoute attentive, un petit mot sympathique, un service spontanément rendu, un cadeau de son temps, de son argent, de son influence, un plat cuisiné avec soin et porté à son voisin, tout cela, et plus encore, est une assurance de santé physique, mentale, morale en temps de COVID-19.

Les gestes et les initiatives de gentillesse personnelles et corporatives se sont multipliés dans le monde dans un effort spontané de soulager la souffrance sociale causée par cette pandémie – pensez seulement aux chorales de quartiers en Italie.

Je réfléchis à la théorie du « gène égoïste » de Dawkins (1976) qu’il décrit comme étant la « loi génétique de l'impitoyabilité et de l'égoïsme universels ». J’en ai le frisson. Combien de gens ont-ils accepté et justifié leurs comportements égoïstes et impitoyables au nom de cette théorie ?


« Ce moment appelle certainement une réflexion approfondie et un réinvestissement dans la gentillesse comme approche fondamentale de la santé totale. Nous devons remettre en évidence la gentillesse, ce bien tangible, sans lequel la santé pour tous est impossible. En un sens, la COVID-19 nous a montré qu'une personne saine et un monde sain sont identiques. Et les personnes saines et le monde sain sont tous deux renforcés de façon incommensurable par la gentillesse au cœur de la santé. »


Commençons alors à être des modèles de gentillesse dans notre entourage et comprenons l'importance cruciale et urgente d'enseigner à nos enfants la générosité et l'altruisme – car la COVID-19 a été un test moral de notre époque, évaluant notre capacité à penser aux autres avant de penser à nous-mêmes et à agir pour le bien de tous. Il est temps de le passer haut la main et de faire partie de ces gens qui connaissent et jouissent de l'association étroite entre la gentillesse et le bonheur dans la vie quotidienne !


© 2021 Danièle Starenkyj

SOURCES

1. R.M. Nerem, Social environment as a factor in diet-induced atherosclerosis, Science, 27 juin 1980.

2. Nigel Mathers, Compassion and the science of kindness: Harvard Davis Lecture 2015, Br J Gen Pract, juillet 2016.

3. Keiko Otake, Happy People Become Happier Through Kindness: A Counting Kindnesses Intervention, J Happiness Stud, septembre 2006.

4. Sandro Galea, Compassion in a time of COVID-19, Lancet, juin 20-27 2020.


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