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  • Danièle Starenkyj

LAISSEZ LES ENFANTS JOUER ?

En 2019, on parle de réinventer l’école. D’oser l’école. De la repenser. Trois sommités mondiales en éducation – Sir Ken Robinson 1, Pasi Sahlberg 2, et William Doyle 2 -- dénoncent, avec une insistance trempée dans l’urgence d’agir vite, l’« usine à stress » dans laquelle les enfants, dès 4 ans et jusqu’à la douzième année, vivent une privation chronique de jeu, de nature, et d’exercice. Selon eux, avec des centaines d’études internationales à l’appui, la privation de jeu, de récréation, de plein air, abîme l’enfance, la précipite dans l’ANXIÉTÉ, et contrecarre son harmonieux développement.

Tout comme l’alimentation, qui de paysanne / agricole est devenue à partir des années 1960 urbaine /industrielle, l’enseignement s’est calqué sur un modèle « industriel », qui donne peu de gratification à l’enfant et, en fait, en le privant de jeu, le prive de son enfance. Le jeu se définit comme étant le fondement de l’exploration, de l’expérimentation et de la découverte systématiques. Le jeu spontanément induit par l’enfant développe chez lui la curiosité et la créativité. On parle maintenant d’un déclin alarmant de la créativité chez les enfants et les jeunes, à l’heure où, universellement, la créativité et l’innovation sont considérées comme les compétences clé pour réussir au 21e siècle.

LA SOLUTION ? Ces experts affirment que la créativité ne s’enseigne pas. Elle est organique. Elle fleurit avec les bons ingrédients, dans les bonnes circonstances, dans les bons environnements. La seule chose que l’école peut faire c’est créer les conditions qui permettent à l’enfant de développer les habitudes mentales et les compétences nécessaires à la pensée créative et à l’action, soit le JEU LIBRE DEHORS. Écoutez leur cri de ralliement : LAISSEZ LES ENFANTS JOUER avec l’affirmation que plus de jeu – de récréation -- sauvera nos écoles et aidera nos enfants à s’épanouir.

La culture qui domine les écoles aujourd’hui est une culture de conformité, de normalisation, soumise à des conceptions mécanistes de l’éducation. La forte diminution du jeu en milieu scolaire, et la presque disparition de la récréation, ont permis d’augmenter les cours magistraux centrés sur la littératie et la numératie et de donner lieu à l’élimination des cours d’art, de musique, de poésie, de civisme, et autres matières, ainsi que des travaux manuels.

Les facteurs d’une éducation industrielle qui ont contribué à développer la phobie de l’école avec ses symptômes trempés dans l’ANXIÉTÉ – maux de ventre, maux de tête, vomissements, crises d’angoisse, peur, détresse, désengagement, et décrochage scolaire, sont :

1. L’usage abusif des tests standardisés – développés maintenant même pour les enfants d’âge préscolaire et de maternelle

2. La conformité à un programme uniformisé pour tous les enfants faisant fi des différences humaines propres à chacun

3. L’enseignement industriel, ce modèle linéaire qui impose l’assimilation d’une connaissance imposée de l’extérieur et isolée des préoccupations ou aspirations de l’enfant

4. La pénalisation honteuse de l’échec ou même de l’erreur. Comment peut-on élever un enfant en lui faisant croire que la pire chose qui peut lui arriver en classe ou lors d’un test, c’est de rater ? On prive les enfants de la sagesse qu’ils acquièrent automatiquement quand on les laisse jouer : l’erreur n’est pas l’opposé du succès mais son fidèle compagnon. Car la vie, la vraie, c’est échouer, se relever, réessayer, penser, réfléchir, persévérer, et finalement réussir si on ne lâche pas. Et le JEU LIBRE DEHORS -- loin des écrans, loin des activités réglementées, loin des médications qui diminuent le besoin de jouer -- est un outil d’apprentissage phénoménal du travail en équipe, de la solution de problèmes, de la communication et de l’empathie. De la joie d’apprendre en tombant et en se relevant.

Oui, j’ai entendu ce cri : LAISSEZ LES ENFANTS JOUER et je vous le communique. Je me permets de vous rapporter en terminant, ces vers de W.B. Yeats, cité par Sir Ken Robinson dans une de ses conférences TED : « J’ai étalé mes rêves sous tes pieds ; Marche doucement car tu marches sur mes rêves 3. » Avec cette conclusion : « Chaque jour, partout, nos enfants étalent leurs rêves sous nos pieds. Et nous devrions marcher doucement. »

©2019Danièle Starenkyj

2. Pasi Sahlberg, William Doyle, LET THE CHILDREN PLAY, Oxford Press, 2019. 3. Poème par W.B. Yeats, He Wishes for the Cloths of Heaven.

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