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  • Danièle Starenkyj

COMBIEN PESEZ-VOUS ?

Non, ne courez pas chercher la balance… Je réponds tout de suite à cette question : nous sommes devenus plus LÉGERS. Évidemment, ce n’est pas du poids des kilos dont je veux parler, mais du « poids des relations humaines… de ces mille liens qui (nous) attachent aux autres, et (nous) rendent

LOURDS1 ».

Au début de 2018, le monde a été étonné de la décision britannique d’établir un MINISTÈRE DE LA SOLITUDE. Ce geste signalait que notre style de vie, caractérisé par la tyrannie du 24/7, les longues migrations quotidiennes entre le domicile dans une banlieue lointaine et le bureau situé au centre ville, et le célibat (un Canadien sur trois dit vivre seul), a réussi à isoler quotidiennement 47 % des jeunes de 17 à 24 ans, 50 % des personnes handicapées, 58 % des immigrants et réfugiés, et 15 % des personnes âgées.

UN CERCLE D’AMIS QUI RÉTRÉCIT

En 2006, le quart des Américains avouaient qu’ils avaient « ZÉRO AMI », soit personne avec qui discuter de questions personnelles, et plus de 50 % pouvaient à peine nommer deux personnes amies de longue date et avec qui ils partageaient de nombreux intérêts communs. Un urgentiste en psychiatrie a décidé de poser cette question à ses patients en crise : « Combien de numéros de téléphone auriez-vous pu signaler pour obtenir de l’aide avant de choisir de venir ici ? » La réponse, nous dit-il, est trop souvent la même : « Aucun ». Et c’est ainsi que ces personnes se retrouvent à l’hôpital, parmi des étrangers qui n’auront pas le temps de les écouter ni de leur parler 2…

L’ISOLEMENT FRAPPE DUR

Oui, nous devenons de plus en plus LÉGERS, plus seuls… et plus malades ! Depuis 2015 – mais cela avait commencé à la fin des années 1980 – de nombreuses études et méta-analyses ont mis en évidence qu’il y avait ici et ailleurs, et partout, des liens entre la qualité de la vie sociale des individus et la longévité, oui, mais aussi la santé physique et la santé mentale. L’on peut lire dans un article après l’autre ce genre d’expressions qualifiant la solitude : « plus mauvaise que 15 cigarettes par jour » ; « un risque potentiellement mortel » ; « plus dommageable que le manque d’activité physique ou l’obésité » ; « aussi toxique pour l’être humain que le tabagisme ou l’alcoolisme ».

Ce « déficit amical », cette « carence de contacts humain », ou leur piètre qualité, entraîne un état de stress chronique qui, comme un brouillard dont on n’arrive pas à s’extirper, fait monter la pression et le taux de cortisol (l’hormone du stress) dans le sang, des facteurs qui endommagent les vaisseaux et le cœur, et favorisent l’inflammation.

Cela fait longtemps que la science a confirmé que des liens étroits avec un réseau d’amis proches forment un humus riche d’où jaillit la sécurité, source indispensable de santé mentale. Mais comment se forme ce réseau ? Autrefois, nous disent les experts qui se sont penchés sur les zones bleues, – ces zones du monde où vivent des centenaires heureux, actifs et en santé – ce réseau se formait en fondant une famille, en s’impliquant dans sa communauté, en joignant activement une église 3.

Le Dr Martin Juneau, cardiologue, de l’Institut de cardiologie de Montréal, confirme que « l’interaction sociale est la pierre angulaire de l’espérance de vie et a plus d’impact sur la santé que la génétique, l’argent, le type d’emploi ou même le taux de cholestérol ... Ceux qui ont une bonne relation de couple, de belles relations avec leurs enfants ou leurs amis s’en tirent beaucoup mieux aujourd’hui – après une crise cardiaque – que ceux qui sont seuls ».

Livraisons à domicile – qui évitent de fréquenter les magasins et les restaurants et d’avoir au moins quelques échanges – télétravail – qui nous garde à la maison des jours durant --, et réseaux sociaux -- qui permettent des échanges séduisants – tous ont certains avantages, mais en cas d’urgence ou de désastre qui pourra-t-on appeler pour recevoir, avec compassion, conseils et assistance ? À la porte de qui pourra-t-on frapper pour s’y réfugier quelques jours ou quelques semaines ? « La solitude est une construction culturelle, une affaire de mode de vie. » (Stewart Dekers) Oui, le clic est rapide, parfois étourdissant et étonnant, mais combien LÉGER !

DIRE MERCI ET BÂTIR SA SANTÉ

Je vous propose de commencer à briser votre solitude personnelle, familiale, sociale et spirituelle, en réalisant que tous, nous devons notre vie à d’autres que nous-mêmes et en disant alors tout simplement MERCI POUR LA VIE chaque matin, chaque jour, d’instant en instant…

Celui qui dit merci n’est jamais seul. Celui qui dit merci n’est jamais pauvre. Celui qui dit merci n’est jamais désespéré. Celui qui dit merci n’est jamais esclave.

Car dire MERCI POUR LA VIE c’est inévitablement lever les yeux au Ciel ; c’est nécessairement tourner les yeux vers les autres ; c’est enfin vibrer du bonheur d’être en relation, de devenir lourd, lourd comme un fruit mûr, subtilement parfumé, délicieusement rafraîchissant, puissamment vivifiant.

©2019 Danièle Starenkyj

1. St-Exupéry, Terre des Hommes, Gallimard, 1939. 2. Smith-Lovin Lynn, Americans’ circle of close friends shrinking, American Sociological Review, juin 2006. 3. Susan Pinker, The Village Effect – How face-to-face contact can make us healthier and happier, Vintage Canada, 2015.

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