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Danièle Starenkyj

UN APERÇU ET UNE MISE À JOUR SUR L’IODE

On entend beaucoup parler de la réémergence de problèmes nutritionnels qui avaient été réglés au 20e siècle. Oui, les autorité sanitaires occidentales s’inquiètent de nouveau de la présence de carences subcliniques et cliniques en IODE, en vitamine B12, en vitamine D3, en vitamine C, entre autres, dans nos populations. Nous en parlerons dans les semaines à venir. Mais ici, je vous invite à une mise à jour sur la carence en iode, un sujet d’actualité urgent.


UN OLIGO-ÉLÉMENT ESSENTIEL


L’IODE est un oligo-élément essentiel. Les études récemment publiées sur ce sujet se concentrent sur la réémergence de la question de la carence en iode en tant que problème mondial et sur la baisse de l'apport en iode parmi les populations des pays développés.


Pourquoi ? On relie la diminution de la consommation d'iode à la transformation des habitudes alimentaires et des pratiques de fabrication industrielle des aliments, soit, directement dit, à la MALBOUFFE, mais aussi à l’évitement, depuis plusieurs décennies, du sel fortifié en iode, cette fortification ayant été la stratégie la plus efficace pour lutter contre la carence en iode au 20e siècle.


EFFETS DE LA CARENCE EN IODE


→ Si l'apport en iode d'une personne est inférieur à environ 10-20 mcg/jour, une hypothyroïdie se produit, un état qui s'accompagne souvent d'un goitre. Le goitre est généralement le premier signe clinique d'une carence en iode.


→ Chez les femmes enceintes, une carence en iode peut entraîner des déficits neurodéveloppementaux majeurs et un retard de croissance chez le fœtus, ainsi que des fausses couches et la naissance d'enfants mort-nés.


→ Une carence chronique et grave en iode in utero provoque le crétinisme, une affection caractérisée par une déficience intellectuelle, un mutisme sourd, une spasticité motrice (spasmes, contractures), un retard de croissance, un retard de maturation sexuelle et d'autres anomalies physiques et neurologiques.


→ Chez les nourrissons allaités, une carence en iode moins grave peut également entraîner des déficits neurodéveloppementaux tels qu'une intelligence légèrement inférieure à la moyenne, mesurée par le QI. La réduction du quotient intellectuel peut être d'environ 12 à 13,5 points.


→ Une carence en iode maternelle légère à modérée a également été associée à un risque accru de trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité chez les enfants.


→ Chez l'adulte, une carence en iode légère à modérée peut provoquer un goitre ainsi qu'une altération des fonctions mentales et de la productivité au travail due à l'hypothyroïdie. Une carence chronique en iode peut être associée à un risque accru de cancer folliculaire de la thyroïde.


→ Une méta-analyse portant sur 6 180 paires mère-enfant a révélé que le QI verbal évalué chez les enfants âgés de 1,5 à 8 ans était plus faible si leur mère avait un statut en iode plus faible au cours du premier trimestre de la grossesse.


→ La maladie fibrokystique du sein est une affection bénigne caractérisée par des seins bosselés et douloureux et une fibrose palpable. Elle touche généralement les femmes en âge de procréer, mais elle peut également survenir pendant la ménopause, en particulier chez les femmes qui prennent des œstrogènes. Le tissu mammaire présente une forte concentration d'iode, en particulier pendant la grossesse et l’allaitement. Certaines recherches suggèrent qu'une supplémentation en iode pourrait être utile en cas de maladie fibrokystique du sein, mais aussi elle pourrait prévenir le cancer du sein.


→ Les accidents nucléaires peuvent libérer de l'iode radioactif dans l'environnement, ce qui augmente le risque de cancer de la thyroïde chez les personnes exposées, en particulier les enfants. L'absorption thyroïdienne de l'iode radioactif est plus élevée chez les personnes souffrant d'une carence en iode que chez celles qui en sont suffisamment pourvues. C'est pourquoi les personnes souffrant d'une carence en iode ont un risque particulièrement élevé de développer un cancer de la thyroïde radio-induit lorsqu'elles sont exposées à l'iode radioactif.


LES SOURCES ALIMENTAIRES D’IODE


Les besoins en iode sont de 150 microgrammes par jour pour un adulte. La dose maximale à ne pas dépasser est normalement de 600 microgrammes par jour.


→ Les algues (telles que le varech, le nori, le kombu et le wakame) sont l'une des meilleures sources alimentaires d'iode. Par exemple, les algues marines disponibles dans le commerce, entières ou en feuilles, ont des concentrations d'iode allant de 16 microgrammes par gramme à 2 984 microgrammes par gramme.

→ Les poissons et autres fruits de mer comportent de l’iode.


→ Les œufs et les produits laitiers sont une source d’iode, les poules et les vaches recevant des compléments alimentaires à base d'iode.


→ Le lait et la crème, particulièrement, peuvent être assez riches en iode, les vaches étant aussi soumises à des agents désinfectants à base d'iodophore utilisés pour nettoyer leurs pis et l'équipement de traitement du lait. Une analyse de 44 échantillons de lait écrémé a révélé une fourchette de 38 à 159 microgrammes d’iode par tasse. La peau humaine et animale absorbe avidement l’iode.


→ La plupart des pains préparés dans le commerce contiennent très peu d'iode, à moins que le fabricant n'ait utilisé de l'iodate de potassium ou de l'iodate de calcium comme conditionneur de pâte, mais cela ne figure pas nécessairement sur les étiquettes.


→ La plupart des fruits et légumes sont de piètres sources d'iode, et les quantités qu'ils contiennent dépendent de la teneur en iode du sol, de l'utilisation d'engrais et des pratiques d'irrigation. Or, planétairement, les sols sont usés et comportent de moins en moins d’iode.


LES PERSONNES LES PLUS À RISQUE D’UNE CARENCE EN IODE


Signalons :


→ les végétaliens qui ne consomment pas d’algues ;


→ les personnes qui ne consomment pas du tout de de sel iodé ou n’en consomment pas assez ;


→ les personnes qui suivent les régimes qui excluent le sel, dont le régime paléo ;


→ les personnes qui utilisent du sel non iodé comme les flocons de sel marin ou le sel de l’Himalaya ;


→ les personnes qui boivent des laits végétaux non enrichis en iode ;


→ les personnes qui vivent dans des régions où les sols sont déficients en iode : régions montagneuses, vallées fluviales sujettes aux inondations ;


→ les personnes qui vivent dans ces régions et qui consomment de grandes quantités d’aliments contenant des goitrogènes, ces substances qui interfèrent avec l'absorption de l'iode par la thyroïde. Par contre, les goitrogènes sont inoffensifs en présence d’un apport normal en iode. Ainsi, le soja, le manioc et les légumes crucifères (par exemple, le chou, le brocoli et le chou-fleur) ne présentent pas de danger dans le cadre d’un régime suffisant en iode ;


→ signalons que les carences en fer et/ou en vitamine A accompagnées d’une carence en iode sont également goitrogènes ;


→ les personnes qui prennent du lithium car ce médicament inhibe l’absorption de l’iode par la thyroïde.

IODE TOPIQUE


L’iode topique est utilisé comme moyen désinfectant en traitement et en prévention. L’iode est un puissant antiseptique à large spectre, bactéricide et fongicide sur Candida albicans. L’iode est surtout utilisé sur la peau et les muqueuses pour :


– la désinfection des mains

– le lavage des mains avant une chirurgie

– la désinfection de la peau du patient avec une chirurgie

– les infections oculaires

– les plaies : blessures, brûlures, ulcères

– la vaginose bactérienne

– la gingivite

– la parodontite


Ainsi, l'absorption de l'iode peut être marquée après l'application sur des plaies ouvertes ou des muqueuses.

L'exposition des mères qui allaitent ou vont allaiter à de l'iode non nécessaire doit être évitée ou minimisée dans la mesure du possible en évitant son utilisation sur les muqueuses maternelles (utilisation vaginale, traitement des plaies), en évitant un temps de contact prolongé, en évitant les applications répétées et en l'appliquant sur les surfaces les plus petites possibles du corps.


CONCLUSION


La glande thyroïde a besoin d'iode pour synthétiser les hormones thyroïdiennes. Une carence en iode entraîne une production insuffisante de thyroxine et des troubles de la thyroïde, du métabolisme, du développement et de la reproduction. Les besoins en iode sont plus élevés chez les nourrissons, les enfants et pendant la grossesse et l'allaitement que chez les hommes adultes et les femmes non enceintes.


Le sel iodé est la pierre angulaire de la prophylaxie par l'iode dans les zones endémiques, et il est essentiel de surveiller en permanence l'apport en iode de la communauté et les résultats cliniques qui en découlent.

Malgré l'amélioration notable des résultats cliniques, la carence subclinique en iode persiste, en particulier chez les filles et les femmes, et pose problème dans certaines conditions physiologiques, telles que la grossesse et l'allaitement, et chez les personnes qui consomment des régimes restreints en sel, et des régimes végétaliens sans algues.


SOURCES

1. Adrienne Hatch-McChesney et coll., Iodine and Iodine Deficiency: A Comprehensive Review of a Re-Emerging Issue, Nutrients, 2022.

2. Marthe Jordbrekk Blikra et coll., Iodine from brown algae in human nutrition, with an emphasis on bioaccessibility, bioavailability, chemistry, and effects of processing: A systematic review, Compr Rev Food Sci Food Saf, 2022.

3. Giuseppe Lisco et coll., Iodine Deficiency and Iodine Prophylaxis: An Overview and Update, Nutrients, 2023.

4. NATIONAL INSTITUTES OF HEALTH, Fact Sheet on IODINE, 2023.

6. Blog 161. DE L’IODE COMMENT?







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