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  • Danièle Starenkyj

LE CHEWING-GUM THÉRAPEUTIQUE… ÉTONNANT !

Toujours à l’affût d’articles scientifiques intéressants, je suis tombée sur une étude en date du mois d’avril 2021 titrant : « L'effet de la mastication de chewing-gum sur l'iléus postopératoire chez les patients ayant subi une chirurgie colorectale ouverte ».


LE CHEWING-GUM ?


Le premier chewing-gum moderne a été introduit sur le marché à la fin du XIXe siècle. Il a rapidement connu une grande popularité dans le monde entier. Et maintenant, on trouve à ce petit bout de gomme des applications médicales positives. En voilà un bref survol.

1. L’OCCLUSION INTESTINALE


Plusieurs stratégies et interventions, pharmacologiques et non pharmacologiques, ont été testées pour prévenir ou réduire l’occlusion intestinale (iléus) à la suite de chirurgies abdominales – urologique, colorectale, gynécologique, hépatique et ablation du pancréas et du duodénum. L'une de ces stratégies est la mastication de chewing-gum. Les études qui se sont penchées sur ce problème aux conséquences graves ont toutes rapporté que l’utilisation de chewing-gum a permis une réduction significative du temps écoulé jusqu'à la première selle postopératoire, les premières flatulences, et la reprise de selles normales, ainsi qu'un séjour hospitalier plus court. Le commentaire des auteurs de cet article est précis : « Les études montrent un effet significatif à très significatif de la mastication de gomme sur les résultats liés à l'iléus postopératoire. »


2. LE STRESS


•La mastication dans des conditions de stress prévient la formation d'ulcères dans l'estomac induite par le stress, les déficits cognitifs spatiaux, le comportement anxieux, et l'ostéoporose -- il y a un lien entre le stress chronique léger et la perte osseuse.

•Des auteurs ont signalé que la mastication maternelle pendant le stress prénatal prévient les déficits d'apprentissage induits par le stress prénatal chez la progéniture adulte.

•Plusieurs études ont démontré que la mastication atténue les changements fonctionnels et morphologiques induits par le stress dans l'hippocampe. Il y a ainsi des effets positifs sur les troubles de l’humeur induits par le stress.

•Mâcher ou mastiquer facilite la concentration, soulage le stress, et réduit la somnolence.

• La gomme mâchée diminue les marqueurs de stress du système nerveux sympathique, du système endocrinien, et du système immunitaire dans la salive.

• La mastication et un léger serrement de dents après une charge de stress entraînent une réduction rapide des niveaux de cortisol salivaire (un marqueur de stress). Une mastication vigoureuse et forte induit une plus grande réduction du stress mental qu'une mastication lente ou faible. Des auteurs ont rapporté que le temps de mastication affecte la réponse du système endocrinien au stress mental. Il faut que la mastication continue pendant plus de 10 minutes pour réduire efficacement le stress.


POURQUOI ?


On peut se demander par quels mécanismes le chewing-gum -- ou mâcher ou encore mastiquer -- peut-il avoir de tels effets positifs sur le stress ? Je vous rapporte ces explications :

• La mastication augmente l'activité du cortex préfrontal, qui est impliqué dans le contrôle du stress ; elle réduit les niveaux de cortisol salivaire ; elle provoque une augmentation de la fréquence cardiaque et du débit sanguin cérébral qui entraine une augmentation connexe de l’apport en glucose (et en oxygène) dans le cerveau.

• Le chewing-gum, par le biais de l’activité masticatoire qu’il provoque, augmente ainsi significativement les niveaux de vigilance auto-évalués, diminue les niveaux d'anxiété et de stress auto-évalués, et améliore la performance globale de la tâche. L’augmentation du métabolisme du glucose dans le cerveau augmente significativement ses performances cognitives.

3. LA DÉMENCE


• Plusieurs études ont démontré que la mastication contribue au maintien des fonctions cognitives dans les régions du cerveau, dont l’hippocampe, cette région du système nerveux central vitale pour la mémoire et l’apprentissage. Des études épidémiologiques suggèrent que la déficience masticatoire est associée au développement de la démence – celle-ci étant liée à des déficits de mémoire spatiale.

• Des données épidémiologiques suggèrent aussi une corrélation positive entre le déficit masticatoire et la maladie d’Alzheimer. Ainsi, pour certains auteurs, la mastication peut représenter une approche utile pour préserver et promouvoir la fonction cognitive dépendant de l'hippocampe chez les personnes âgées.

• Le comportement masticatoire peut être impliqué dans une amélioration partielle de l'attention généralisée et peut induire une activité du cortex préfrontal chez les adultes d'âge moyen et plus âgés.

• Le comportement masticatoire en tant que forme de soins de santé quotidiens pourrait contribuer à prévenir les troubles cognitifs et la démence.


4. LA NEUROGENÈSE


• L’hypofonctionnement masticatoire peut également affecter la neuroplasticité. Le 21e siècle a découvert que notre cerveau a cette capacité extraordinaire de fabriquer chaque jour de nouveaux neurones dans le cerveau sous l’influence d’une activité physique régulière (marche), et d’une mastication soigneuse d’aliments durs et denses.

• La mastication agressive pendant le stress prévient la diminution des facteurs neurotrophiques, ces protéines responsables de la croissance et de la survie des NEURONES en développement et des neurones matures. Des recherches récentes ont prouvé que les facteurs neurotrophiques sont capables de faire repousser des neurones endommagés, en éprouvette et dans le vivant. Les facteurs neurotrophiques du cerveau jouent un rôle important dans la potentialisation à long terme (un processus de renforcement des synapses très étudié pour son rôle probable derrière plusieurs types de mémoire), la neurogenèse, et la neuroplasticité dépendante de l'activité. Ceci est cohérent avec la découverte que la mastication, pendant des conditions de stress, améliore la suppression de la prolifération cellulaire induite par le stress dans le gyrus denté de l'hippocampe.

• Les facteurs neurotrophiques sont prometteurs dans le traitement des lésions cérébrales et de la neurodégénérescence associée à l'âge.


5. Nous pourrions parler encore du REFLUX GASTRO-OESOPHAGIEN, de la santé BUCO-DENTAIRE, de l’inconfort de la SOIF chez les patients cancéreux et dyalisés qui sont tous améliorés en mâchant de la gomme sans sucre. Nous pourrions reparler du VER D’OREILLE qui cède à la mastication de gomme ou de batônnets de carottes. Il faut aussi mentionner que les MIGRAINEUX peuvent développer des maux de tête à mâcher de la gomme. Bien sûr, la gomme à mâcher doit toujours être sans sucre.


ALORS ?


Utilisons nos mandibules et nos dents en les exerçant sur des aliments solides, riches en fibres. Prenons soin de nos dents. Elles travaillent à nous assurer un cerveau riche en neurones neufs chaque jour, et à conserver nos aptitudes cognitives. Une alimentation de purées, de soupes claires, de bouillies fluides, et de fruits et légumes liquéfiés comporte le terrible risque de nous faire passer à côté de cette richesse indispensable pour une vie épanouie : un esprit sain dans un corps sain.


©2021Danièle Starenkyj

SOURCES

- Sammut Roberta et coll., The effect of gum chewing on postoperative ileus in open colorectal surgery patients: A review, J Perioper Pract, avril 2021.

- Kin-ya kubo et coll., Mastication as a Stress-Coping Behavior, Biomed Res Int, 2015.

- Michyo Konno et coll., Relationships Between Gum-Chewing and Stress, Adv Exp Med Biol, 2016.

- Andrew P. Allen et coll., Chewing Gum: Cognitive Performance, Mood, Well-Being, and Associated Physiology, Biomed Res Int, 2015.

- Mitsuo Iinuma et coll., Chewing Maintains Hippocampus-Dependent Cognitive Function, Int J Med Sci, 2015.

- Francisco Bruno Teixeira et coll., Masticatory Deficiency as a Risk Factor for Cognitive Dysfunction, Int J Med Sci, 2014.

- Tetsu Yamamoto et coll., Soft-diet feeding inhibits adult neurogenesis in hippocampus of mice, Bull Tokyo Dent Coll, 2015.



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