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Danièle Starenkyj

LE VINAIGRE ANTIMICROBIEN

Combien de femmes souffrent de candidose ou de mycose vaginale ou autre désordre infectieux du

vagin ? Combien de femmes ont connu ce qui s’appelle en médecine une vulvo-vaginite

post-antibiotique ?

Pourquoi ?

Le corps fonctionne à son meilleur à un pH (potentiel d’Hydrogène) neutre. Le pH est l’équilibre entre l’acidité et l’alcalinité et se mesure sur une échelle de 1 à 14 : à moins de 7, il y a acidité et à plus que 7, il y a alcalinité. À 7, il y a neutralité. L’eau pure, saine, est neutre, son pH est de 7. Différentes parties du corps ont un pH différent : 6,5-7,14 pour la salive : 7,35-7,45 pour le sang ; 4-6,5 pour l’estomac supérieur ; 1,5-4,0 pour l’estomac inférieur ; 7-8,5 pour les intestins. Le vagin a un pH acide, soit 3,8-4,4, qui doit le rester pour pouvoir lutter contre les infections vaginales : mycoses et vaginoses bactériennes.

L’acidité vaginale est maintenue par la production d’acide chlorhydrique, le peroxyde d’hydrogène et l’acide lactique que les bactéries vaginales saines produisent. Cette acidité oppose une barrière physiologique aux germes pathogènes qui peuvent facilement envahir l’appareil vaginal féminin qui communique largement avec le milieu extérieur par l’orifice vaginal. Mais cette barrière peut aussi facilement s’effondrer. Comment ?

Les influences physiologiques

Les événements féminins suivants ont une influence sur le pH vaginal qui se modifie et devient alcalin :

→ les règles : sous l’influence du sang alcalin, elles alcalinisent le vagin, d’où la sagesse de s’abstenir de relations sexuelles pendant les menstruations. → les relations sexuelles trop rapprochées ou multipliées : elles font remonter le pH vaginal par le biais du sperme alcalin (pH 7,2-7,8). Le sperme demeurant jusqu’à deux jours, et parfois 7 jours, dans la cavité utérine, elles empêchent l’équilibre chimique du vagin de revenir à un pH acide protecteur des infections. La modération en tout est toujours une excellente chose. → la grossesse : l’augmentation des hormones œstrogènes et de la glycémie entraîne une plus forte alcalinité du vagin. → le post-partum : l’équilibre hormonal n’est pas encore atteint, et puis il y a les lochies (sang). → la ménopause : le déséquilibre hormonal entraîne de la sécheresse vaginale et il y a souvent hyperglycémie. → La prise de la « pilule » change l’équilibre du vagin ce qui rend l’utilisatrice plus susceptible aux infections vaginales et aux ITS. Les risques de contracter la gonorrhée après un seul contact sexuel avec un homme infecté montent de 30 % à 90 %. La pilule anticonceptionnelle modifie le pH du vagin, généralement parce qu’elle entraîne toujours des modifications du métabolisme des glucides. En fait, l’usage de la pilule peut faire passer une utilisatrice pour une diabétique ou une pré-diabétique lors d’un test. Le Dr Victor Wynn a trouvé que 80 % des femmes qui prennent la pilule pendant un an connaissent une importante dégradation de leur tolérance au glucose, et 13 % ont un diabète chimique

démontrable 1.

Les habitudes alimentaires et de vie

Le sucre et tous les produits qui en contiennent, les farines blanches, les épices fortes, le café, l’alcool, le tabac ont des effets divers et directs sur le vagin et son microbiome. Les mycoses et les candidoses sont très fortement corrélées à un taux de sucre excessif dans le sang ce qui entraîne un excès de glycogène dans les tissus vaginaux, nourriture privilégiée des microbes infectieux.

Les tampons, les serviettes hygiéniques gardés trop longtemps, les sous-vêtements en nylon, les produits d’hygiène parfumés, les vêtements trop serrés (jeans, strings) sont à éviter. Ils peuvent favoriser un milieu chaud et humide, ralentir la circulation sanguine (hypo-oxygénation des tissus), provoquer des réactions allergiques.

L’hypothyroïdie (par insuffisance ou carence en IODE), une baisse de l’immunité (stress aigu, carence en zinc), un épuisement surrénalien causé par un stress chronique, les antibiotiques, causent également des modifications du pH vaginal.

QUE FAIRE ?

Les interventions de première ligne sont la modification radicale nos habitudes alimentaires, vestimentaires, sexuelles. Mais est-ce tout ?

Un article médical a très récemment capté mon attention. Son titre m’a interpelée. Je le traduis en français : « La manipulation du pH : une nouvelle stratégie pour le traitement de la mucormycose ». Il s’agit d’une maladie fongique fatale. Mais on lui a trouvé – retrouvé – un remède radical : l’acide acétique qui s’est révélé hautement efficace contre la majorité des champignons de l’ordre des Mucorales, mais aussi contre Mycobacterium tuberculosis (bacille de Koch - tuberculose) et Pseudomonas aeruginosa (infections des voies respiratoires inférieures – fibrose kystique). Administré peu de temps après une blessure (traumatisme de la peau, coupure, égratignure, brûlure), il empêche la germination des spores même à une faible concentration. L’article conclut : « Un composé abondant et pas cher, qui est stable et non dangereux à température ambiante » fournit un recours préventif puissant 2.

Je poursuis mes recherches : le vinaigre, un remède maison, utile dans le traitement de la vulvo-vaginite post-antibiotique (23 % des femmes ayant pris des antibiotiques le mois précédent le sondage avaient eu les symptômes d’une vulvo-vaginite) 3. Utile aussi dans le traitement de la candidose vaginale. L’article qui rapporte ce fait se termine sur ces mots : « Les thérapies alternatives bénéficient d'un soutien dans la littérature scientifique4 ». Un autre titre intéressant : « L’activité antifongique du vinaigre de cidre de pomme sur les espèces Candida impliquées dans la stomatite prothétique dentaire »5.

Le vinaigre en usage topique, dilué dans de l’eau -- en compresses, en douches vaginales, en bain de siège – peut rétablir un pH vaginal acide et lutter contre les microbes vaginaux. Ce que l’on prévient n’a pas besoin d’être traité -- mais, quel bonheur, quand ce qui doit être traité peut l’être simplement sans effets secondaires malheureux. Alors, oui, du vinaigre, ayez-en à la portée de la main.

©2019 Danièle Starenkyj

1. Seaman B., Seaman G., Women and the Crisis in Sex Hormones, Rawson, p. 95, 1977. 2. Trzaska W.J., et coll., pH manipulation as a novel strategy for treating mucormycosis, Antimicrob Agents Chemother, 59,11, 6968-6974, nov. 2015. 3. Pirotta M.V. et coll., « Not thrush again ! » Women’s experience of post-antibiotic vulvovaginitis, Med J Aust, 179,1 43-46, juillet 2003. 4. Felix T.V., et coll., Alternative and complementary therapies for vulvovaginal candidiasis, Foli Microbiol (Praha), 64, 2, 133-141, mars 2019. 4. Mota A.C., et coll., Antifungal Activity of Apple Cider Vinegar on Candida Species Involved in Denture Stomatitis, J Prothodont, 24, 4,296-302, juin 2015.

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