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  • Danièle Starenkyj

UNE GESTION NUTRITIONNELLE DE LA THYROÏDE EST-ELLE POSSIBLE ? Première partie

La glande thyroïde est l'un des organes les plus touchés par les processus auto-immuns. La correction du mode de vie et les modifications alimentaires peuvent-elles améliorer et maintenir la fonction thyroïdienne, et la protéger de l’hyper- comme de l’hypothyroïdie ?


Une vaste étude, l’Adventist Health Study-2, étude à long terme, menée par des chercheurs à l'École de santé publique de l'Université de Loma Linda (Californie), a répondu à cette question en 2015 quand 65 981 membres de l'église adventiste aux États-Unis et au Canada (consommant majoritairement des régimes végétariens) ont fourni des données démographiques, alimentaires, de style de vie et d'antécédents médicaux par questionnaire.


Les résultats ont établi que la prévalence de l'HYPERTHYROÏDIE (maladie de Graves Basedow) autodéclarée était de 0 à 9 %. Le sexe masculin et les revenus modérés ou élevés protégeaient contre l'hyperthyroïdie, tandis que l'obésité et les maladies cardiovasculaires prévalentes étaient associées à un risque accru. Les régimes végétaliens, lacto-ovo et pesco-végétariens étaient associés à un risque plus faible que les régimes omnivores.


Les conclusions de cette étude ont été que l'exclusion de tous les aliments d'origine animale était associée à une prévalence de l'hyperthyroïdie deux fois moindre que les régimes omnivores. Les régimes lacto-ovo et pesco-végétariens étaient associés à une protection intermédiaire.


Cette année, en 2022, une étude a approfondi ces résultats et établi quelle pouvait être la gestion nutritionnelle de l’HYPOTHYROÏDIE (thyroïdite d’Hashimoto). En voici les grandes lignes.


1. DÉFICITS OU EXCÈS NUTRITIONNELS

• Le fer et le sélénium participent à la formation de la T3 (hormone thyroïdienne active) et de la T4 (prohormone thyroïdienne), où l'iode fait partie de ces molécules, et le sélénium est un cofacteur des enzymes qui activent la T4 en la transformant en T3 ou inactivent à la fois la T4 et la T3.


• Le zinc est important pour l'activation des récepteurs T3 et peut influencer la fonction thyroïdienne par d'autres mécanismes.


• Un apport insuffisant des vitamines A, B1, B5, B6 et C, et des minéraux magnésium, sodium, potassium, phosphore, chrome, peut provoquer ou entretenir l’hypothyroïdie.


• Un apport adéquat en vitamines A, C et E et en vitamines du groupe B est recommandé dans la prévention des maladies thyroïdiennes. Ces vitamines exercent une protection antioxydante (pour les vitamines C et E), anti-néoplasique et anti-oïtrogène (pour les vitamines A, D et E). Elles régulent l'axe hypophyso-thyroïdien, l'apport en iode dans la glande thyroïde, et la signalisation de la T3 (pour la vitamine A).


• L'inositol et son métabolite le plus abondant, le myo-inositol, ont un effet protecteur sur la glande thyroïde en améliorant la signalisation de la TSH (un stimulant de la thyroïde) et la suppression des cytokines pro-inflammatoires.


2. ÉLÉMENTS NUTRITIONNELS GÉNÉRATEURS D’INTOXICATION


Alors que les oligo-éléments sélénium, fer et zinc participent au fonctionnement de la glande thyroïde, et que leur carence est critique pour la stabilisation des hormones thyroïdiennes, d'autres sont tout simplement toxiques. On signale le plomb, le cadmium, le chrome, le manganèse et le fluor, toxiques pour de nombreux organes et tissus, y compris la glande thyroïde.


3. CYANOTOXINES ET FONCTION THYROÏDIENNE


Les cyanotoxines constituent un groupe diversifié de toxines produites par les cyanobactéries (algues bleues). On les retrouve dans les eaux douces ou salées. Elles peuvent être mortelles, mais produisent régulièrement des troubles gastro-intestinaux, dont des inflammations intestinales et l’augmentation de la perméabilité de l'épithélium intestinal.


• Les cyanotoxines dans l’eau potable et les aliments contaminés peuvent affecter directement la glande thyroïde en influençant indirectement les taux plasmatiques de T3 et T4 libres.


4. RÉGIMES ALIMENTAIRES PRO-INFLAMMATOIRES ET DYSBIOSE DU MICROBIOTE


Le régime alimentaire et le microbiote, selon leur qualité, sont parmi les principaux facteurs de l'inflammation intestinale et du bon fonctionnement de l'intestin. Les aliments riches en antioxydants (fruits, légumes, céréales complètes) aident l'organisme à contrôler le stress oxydatif et exercent des effets anti-inflammatoires.

La consommation d’aliments camelote (alimentation urbaine-industrielle riche en sucres, farines blanches, en graisses, etc.) entraîne la libération de messagers inflammatoires qui augmentent le risque d'inflammation chronique, de cancer, de diabète, de syndrome métabolique, de maladies auto-immunes et d'autres maladies chroniques.

La perturbation du microbiote intestinal, également appelée dysbiose intestinale, est influencée par le profil génétique individuel, le régime alimentaire (insuffisance de fibres), les antibiotiques et l'inflammation.

La dysbiose intestinale et l'augmentation de la perméabilité intestinale favorisent également la progression de l’hypothyroïdie.


5. LE RÔLE DE L’AXE THYROÏDIEN ET L’INFLUENCE DU MICROBIOTE SUR L’HYPOTHYROÏDIE


On reconnaît maintenant une influence significative du microbiote de l'intestin sur la réactivité du système immunitaire et la fonction thyroïdienne. On signale qu’il est fréquent qu’aux troubles liés à la thyroïde (hyperthyroïdie) soient liés des troubles liés à l’intestin (maladie cœliaque/sensibilité au blé non cœliaque).


La dysbiose du microbiote peut altérer de manière significative le système immunitaire et compromettre le contrôle inflammatoire, provoquant des maladies auto-immunes telles que les maladies thyroïdiennes auto-immunes. En outre, le microbiote influence la consommation de minéraux liés à la thyroïde tels que l'iode, le sélénium, le zinc et le fer. Ces minéraux jouent tous un rôle dans la fonction thyroïdienne et il existe une corrélation certaine entre les maladies thyroïdiennes (hypo- et hyperthyroïdie) et l’insuffisance de ces minéraux dans l'organisme.


Dans une étude animale, une supplémentation en bactéries Lactobacillus reuteri a amélioré la fonction thyroïdienne chez les rats en augmentant la T4 libre, la masse de la glande thyroïde et un comportement plus dynamique.

La supplémentation symbiotique, soit un mélange de pro- et pré-biotiques s'est avérée, dans une étude récente, bénéfique pour les personnes souffrant d'hypothyroïdie.


CONCLUSION


Dans la deuxième partie de ce blog sur la gestion nutritionnelle des désordres de la thyroïde, nous parlerons du rôle indispensable de l’hormone du soleil et de l’hormone de l’obscurité, de leurs déficits liés à une prédisposition auto-immune, de la détoxication du foie et du nettoyage des métaux lourds, et d’un mode de vie écologique pour une thyroïde en santé.


© 2022 Danièle Starenkyj

SOURCES

1. Serena Tonstad et coll., Prevalence of hyperthyroidism according to type of vegetarian diet, Public Health Nutr, 2015.

2. Yana Danailova et coll., Nutritional Management of Thyroiditis of Hashimoto, Int J Mol Sci, mai 2022.


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