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Danièle Starenkyj

POURQUOI EST-ON À PLAT APRÈS UN EXPLOIT ?

Nous aimons tous les expériences excitantes et pleines de défis, la réussite, le succès. Mais pourquoi après la fierté, la joie, la satisfaction d’avoir mené à bien une œuvre, peut-on se sentir si moche, si morose, si agité, si irritable et, disons-le, si déprimé ?


Docteur en psychologie clinique, le Dr Archibald D. Hart, grand spécialiste de la dépression, et particulièrement de la dépression masculine, lui-même victime de ce phénomène, explique de quoi il s’agit.


LA DÉPENDACE À L’ADRÉNALINE


Après une période de grande demande mentale, émotionnelle ou physique, nous subissons naturellement un épuisement d’adrénaline, cette hormone, dite hormone du stress, que produisent les glandes surrénales. Elle aide notre corps à relâcher l’énergie dont nous avons besoin pour nous battre ou fuir ; elle nous donne le courage de continuer à vivre envers et contre tout, de performer, de réussir. Mais elle stimule aussi le circuit de la récompense dans notre cerveau. Le problème est que le même chemin est utilisé par d’autres stimulants tels que la cocaïne et c’est ainsi que de fortes montées d’adrénaline peuvent entraîner une dépendance.


L’ÉPUISEMENT SURRÉNALIEN


La dépendance à l’adrénaline est grave. On met à son compte des crises cardiaques précoces. Mais au- delà de la dépendance à l’adrénaline, il y a un sérieux problème méconnu : l’épuisement de l’adrénaline, base et cause de la DÉPRESSION DE L’APRÈS-DÉCHARGE D’ADRÉNALINE qui survient toujours après une période de demande excessive d’adrénaline.


Ainsi, si vous avez tendance à vous effondrer après une période de stress ou d’exaltation intenses, c‘est que vous poussez vos surrénales à la limite de leur capacité et que vous en payez le prix.


LES SYMPTÔMES DE LA DÉPRESSION DE L’APRÈS-DÉCHARGE D’ADRÉNALINE


→ Une dépression intense mais de courte durée (3 jours à une semaine) qui survient tous les 3 ou 4 mois après une période exigeante.


→ Une difficulté inhabituelle à se mettre en train le matin accompagnée d’une augmentation de la consommation de café – le café est un stimulant des surrénales mais aussi une cause aggravante de l’épuisement des surrénales.


→ Une immense fatigue ou un sentiment d’épuisement intense chaque fois que l’on s’arrête et c’est pourquoi l’on se garde occupé à n’importe quel prix de peur de s’effondrer (c’est exactement ce qui arriverait).


→ D’étranges sensations (paresthésies) de picotements dans les bras et la poitrine, de brûlures dans la bouche et sous la plante des pieds, de fourmillements dans les jointures et les muscles, de la tension et des douleurs musculaires : mal au cou, mal aux épaules, mal au dos, mal à la tête.


→ De l’insomnie, des désordres digestifs : diarrhée, colite, diverticulite, ulcère ou constipation.


→ Une irritabilité intense difficile à maîtriser et qui se déclenche au plus petit agacement ou sans justification.


→ Des sentiments de panique qui surviennent à la suite d’activités banales comme tondre le gazon.


→ Une profonde négativité accompagnée d’une conception lugubre de la vie.


→ L’envie de rester couché toute la journée, la perte de tout intérêt pour quoi que ce soit, l’incapacité de commencer quelque chose de nouveau.


DÉPENDANCE OU RÉCUPÉRATION ?


Dans la dépression de l’après-décharge d’adrénaline, il y a deux processus distincts :


1. Le premier, qui découle de la dépendance, est l’envie du corps de retrouver l’état d’excitation de la stimulation que cause une forte décharge d’adrénaline en plus du sentiment de bien-être qui l’accompagne, mais sans y arriver vraiment.


2. Le deuxième, qui permet la récupération, est le corps qui éteint le système surrénal dans le but de faciliter sa récupération car il a besoin de regrouper, régénérer et restaurer ses ressources limitées.


Les glandes surrénales exigent du temps pour se reposer et récupérer. À se conduire comme des jets supersoniques alors que nous avons été créés pour voyager à pied, à dos d’âne ou de chameau, les dégâts sont inévitables.


Il est difficile de rompre la dépendance à l’adrénaline car ce problème est socialement accepté et même bien vu dans notre culture. On a des étiquettes flatteuses pour ce genre de problème : « C’est un vrai bourreau du travail. Il s’y consacre corps et âme. Quel atout pour la compagnie, il n’a pas pris de vacances depuis cinq ans ! »


Et le Dr Hart de commenter : « Comment cesser d’être un drogué quand tout le monde vous félicite de l’être ? »


COMMENT GUÉRIR DE CETTE DÉPRESSION?


A. Changer de style de vie.


Le besoin de repos est une loi fondamentale de la vie. Priver quelqu’un de repos est une forme de torture abjecte. Cessons de nous torturer nous-mêmes. Redonnons la priorité au repos quotidien (7 à 8 heures de sommeil par nuit) et hebdomadaire (le septième jour chômé et réservé à la poursuite spirituelle). Sans un temps fixe réservé au repos et à la récupération, il est impossible de surmonter la dépendance à l’adrénaline. Les glandes surrénales s’hypertrophieront pour répondre à la demande excessive et les effets secondaires destructeurs se poursuivront.


B. Renouveler sa personnalité.


Nous arrivons à l’âge adulte avec un ensemble de traits qui nous prédisposent à nous dépêcher, à être toujours à la course, à se sentir pressé de toutes parts. On ne trouve plus le temps jouir de sa famille, de se détendre. On en arrive à faire du remords de ne pas travailler sur le rythme 24/7, et, pire, à tirer orgueil d’être si consacré à son travail. Prendre conscience de ces déviations est la première étape pour changer.


Il est assez sérieux que le Dr Hart déclare que les hommes qu’il a pu le mieux aider à changer de personnalité avaient tous déjà eu leur première crise cardiaque. « Il est extraordinaire, dit-il, de constater combien on mûrit rapidement quand on se retrouve face à la mort. »


C. Coopérer avec cette dépression.


Il n’y a qu’une seule façon de s’occuper d’une dépression qui suit une décharge d’adrénaline : Il faut COOPÉRER avec elle ! Joignez-vous à elle. Faites équipe avec elle. Elle est une alliée et non une ennemie. Elle ne fait que ce qu’elle doit faire : nous sauver la vie.


Quand après l’excitation, que le jeu est terminé et que l’on est à plat, quand vient la morosité, le sentiment que rien ne vaut plus la peine, et que le nuage noir de la dépression nous engloutit dans la négativité, inutile de chercher à se stimuler, se fustiger ou se mépriser, les surrénales sont à plat ! Elles ont cessé de fonctionner. Accepter leurs messages, les respecter, comprendre qu’ils sont salutaires, et tout simplement REPOSER le corps, le cœur et l’esprit, permet un retour de l’énergie beaucoup plus rapide et une moindre détérioration de l’humeur.


L’effondrement des surrénales est conçu pour délibérément ralentir l’activité et produire la guérison. La mauvaise humeur nous force à nous isoler ; la perte d’intérêt empêche de commencer une nouvelle activité ; le manque d’énergie garde tranquille. C’est ainsi que les surrénales peuvent se reposer et se retaper.


L’invitation du Dr Hart est d’ACCUEILLIR sa dépression.


• Ce sentiment de lassitude signale que quelque chose d’important a été accompli.

• Il faut se laisser envahir par sa tristesse.

• C’est une amie qui vous prépare à d’autres accomplissements.

• Elle est positive.

• Donnez la priorité à son rétablissement.

• Quand l’envie de faire quelque chose viendra, il faut faire des activités routinières et peu exigeantes.

• Évitez toute stimulation (appels téléphoniques, rencontres personnelles, etc.)

• Se le répéter : ces sentiments dépressifs font partie du retour à la normale. Ils n’ont pas d’autre signification.

• Ne croyez donc pas à toutes ces idées qui vous passent par la tête.


COMBIEN DE TEMPS FAUT-IL POUR RÉCUPÉRER ?


En coopérant à votre guérison, le temps de guérison d’une surcharge d’adrénaline peut être coupé de moitié.


En utilisant moins d’adrénaline pour vaquer à nos occupations (parler, travailler, conduire sa voiture, etc.), on peut réduire l’intensité de la dépression.


En prenant soin de nos surrénales avec une abondance de vitamine C (fruits et légumes frais), on évite qu’elles ne deviennent spongieuses et que leurs vaisseaux sanguins se rompent – produisant une forme de scorbut des surrénales.


Le potassium est indispensable pour le bon fonctionnement des surrénales. Il en faut 1200 à 1500 mg par jour.


Les vitamines B, et particulièrement l’acide pantothénique, sont indispensables pour la production optimale des hormones surrénales, dont l’adrénaline.


Il est obligatoire de le répéter : le sucre, la caféine, la nicotine, l’alcool, sont destructeurs des surrénales. Si aimez la vie, les exploits, les accomplissements, les victoires, bannissez-les de votre routine quotidienne.


LA VIE EST PRÉCIEUSE. PENSEZ À ÉCONOMISER VOTRE ADRÉNALINE !


©Danièle Starenkyj 2022.

SOURCE

Dr Archibald D. Hart, LA DÉPRESSION AU MASCULIN, Une souffrance masquée, Orion.



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