LE DANGER D’UN TROP PEU DE SEL POUR LA VIE ET LA SANTÉ
Soulignons-le : les recommandations de diminuer le sel dans le but de diminuer l’hypertension ne font toujours pas l’unanimité chez les scientifiques. Dès 1979, l'ensemble du sujet a été examiné et discuté avec la conclusion qu'il n'existait pas de preuves convaincantes que la restriction de sel devait s'appliquer aux personnes NORMALES. Le même scepticisme s'est maintenu depuis lors. Un prestigieux journal médical souligne que les risques de décès et de maladies cardiovasculaires sont les plus faibles chez les gens qui consomment entre 3 et 6 g de sel par jour (1 c. à café). Et il avertit que ces risques et de nombreux autres, dont l’hyponatrémie, augmentent en deçà et au-delà de cette marge minimale.
Ironiquement, de nombreux articles présentant la nécessité de diminuer l’apport de sel dans l’alimentation courante ont été et sont encore illustrés non avec des images de malbouffe (la véritable source de l’excès de sel dans le régime alimentaire actuellement) mais avec des images de salières… Et comme une image vaut mille mots… de nombreuses personnes soucieuses de leur santé, ne consommant pas ou plus de produits ultratransformés, ont rapidement écarté cet objet diffamé de leur cuisine avec crainte et tremblement
UNE PRÉVENTION PRIMAIRE QUI PEUT NUIRE
Dans le cadre de la prévention primaire (empêcher les personnes normales de contracter une maladie) la recommandation doit toujours être: « Ne pas donner pas à une personne normale un médicament ayant des effets secondaires ». De même, il n’est pas à recommander de modifier le régime alimentaire d'une personne normale si cela peut lui être préjudiciable.
Or, la restriction de sel peut être préjudiciable car le sodium est l’ion essentiel
→ pour la conduction nerveuse,
→ pour l'activation musculaire,
→ pour la signalisation cellulaire,
→ pour l’activité normale des fonctions cérébrales.
Attention :
→ Certaines personnes âgées ont une incapacité rénale à retenir le sodium ; et l’on constate que
l'hyponatrémie (carence en sodium) est un problème de plus en plus courant chez les personnes âgées.
→ Certaines femmes enceintes ont également une incapacité rénale à retenir le sodium.
→ Une faible consommation de sel peut entraîner un gonflement du cerveau et des lésions consécutives, peut-être associées à la formation de la plaque amyloïde de la maladie d'Alzheimer.
→ Une faible consommation de sel combinée à une forte consommation d'eau (régime détox) peut entraîner une sérieuse hyponatrémie nécessitant une hospitalisation (possibilité de lésions cérébrales).
→ Le régime pauvre en sel est associé à une augmentation de l'indice de masse corporelle et à l'alcoolisme.
→ La restriction sodique (en sodium) entraîne une résistance accrue à l'insuline.
→ Elle provoque une activation du système rénine-angiotensine (système hormonal organisé autour du rein qui permet de préserver l’équilibre entre le sodium et l’eau).
→Elle produit une augmentation de l'activité nerveuse sympathique. À l’inverse du système parasympathique qui a un effet apaisant sur le corps, le système sympathique produit l’augmentation de la fréquence cardiaque, l’accélération de la respiration qui devient haletante, la dilatation des pupilles et la stimulation du métabolisme.
Et des scientifiques de questionner : Ces effets sont-ils souhaitables dans la population normale ?
L’IMPORTANCE DE L’HYPONATRÉMIE
L'hyponatrémie est le trouble électrolytique le plus courant et touche environ 5 % des adultes et 35 % des patients hospitalisés. L'hyponatrémie est définie par un taux de sodium dans le sang trop faible par rapport à la quantité d’eau bue. Une hyponatrémie, même légère, est associée à une augmentation de la durée d'hospitalisation et de la mortalité.
OBSERVATIONS DES SYMPTÔMES DE L’HYPONATRÉMIE
• Les symptômes et les signes de l'hyponatrémie vont de légers et non spécifiques (comme la faiblesse ou la nausée) à graves et menaçant le pronostic vital (comme les crises d'épilepsie ou le coma).
• La gravité des symptômes dépend de la rapidité d'apparition, de la durée et de la sévérité de l'hyponatrémie.
• L'hyponatrémie chronique légère est associée à des troubles cognitifs, à des troubles de la marche et à une augmentation des taux de chutes et de fractures.
• L'hyponatrémie est une cause secondaire d'ostéoporose. 27 % de la teneur en sel du corps est stocké dans les os sous forme de cristaux qui naturellement durcissent les os. En cas de manque de sel, le corps va le prélever dans les os dans un effort de maintenir ses niveaux vitaux de sodium dans le sang.
• L'hyponatrémie sévère avec des signes de somnolence, d'obtusion (difficulté de compréhension, lenteur de la formation et de l’enchaînement des idées et des réponses, désorientation), de coma, de convulsions ou de détresse cardio-respiratoire, est une urgence médicale.
• Mise en garde : Une correction trop rapide de l'hyponatrémie chronique peut provoquer une démyélinisation des gaines de myéline, une affection neurologique rare mais grave, qui peut entraîner un parkinsonisme, une quadriparésie (paralysie légère, incomplète, avec diminution plus ou moins importante de la force musculaire), voire la mort.
PERDRE TROP DE SODIUM DANS LE CORPS, COMMENT ?
- En faisant des travaux ou du sport de longue durée par temps chaud dehors. Il y a perte importante de sel par la transpiration. Dans ces circonstances, pour chaque verre d’eau bue, il est important de consommer une pincée de sel.
- En utilisant des diurétiques : les diurétiques peuvent augmenter la quantité de sodium excrétée dans l'urine. Certaines personnes appellent même les diurétiques des « pilules d'eau ».
- En buvant trop d’alcool et particulièrement de la bière : l’alcool fait uriner davantage et perdre des liquides en vomissant.
- Une diarrhée non traitée : cela peut provoquer une déshydratation et une hyponatrémie.
- En prenant certains médicaments : il s'agit notamment des médicaments couramment utilisés pour traiter la dépression (ISRS) et la carbamazépine pour traiter l'épilepsie et la manie bipolaire.
- En prenant des substances illégales telle que l’ecstasy (MDMA) qui peut provoquer une rapide et profonde hyponatrémie.
LES SIGNES D’HYPONATRÉMIE À SURVEILLER
L'hyponatrémie provoque des symptômes neurologiques allant de la confusion aux crises d'épilepsie en passant par le coma. La gravité des symptômes dépend du niveau de sodium dans le sang et de la rapidité avec laquelle il baisse. Si le taux de sodium dans le sang diminue progressivement, il ne produit que des symptômes légers car l'organisme a le temps de s'adapter. Les symptômes sont plus graves lorsque le taux de sodium sanguin chute rapidement.
On peut nommer dans les cas d’hyponatrémie modérée à sévère :
→ Des crampes ou faiblesses musculaires
→ Des nausées et vomissements
→ Une léthargie ou un manque d'énergie
→ Des maux de tête
→ Des changements de l'état mental
L’HYPONATRÉMIE : DES DONNÉES CIBLÉES
Des scientifiques ont démontré qu’un faible taux de sodium dans le sang activait directement la dégradation du tissu osseux (perte de calcium) et qu’il jouait un rôle dans les nombreuses pathologies osseuses et articulaires, dont la polyarthrite rhumatoïde.
Ils ont aussi constaté qu’un faible taux de sodium dans le sang entraînait une diminution de l’acide ascorbique (vitamine C) qui joue un rôle essentiel dans l’équilibre entre l’augmentation de la masse osseuse et sa diminution, mais qui est aussi un moyen de défense indispensable contre le stress oxydatif.
Dans un modèle murin (avec des petits rongeurs), la réduction de l'acide ascorbique secondaire à l'hyponatrémie a entraîné une production accrue d'espèces réactives libres de l'oxygène.
Le stress oxydatif est un dénominateur commun bien connu dans de nombreuses pathologies liées à la sénescence et contribue au processus de vieillissement du cerveau. Par conséquent, une hypothèse très intéressante pourrait être que l'hyponatrémie chronique joue un rôle direct dans la pathogenèse des processus dégénératifs, en particulier ceux liés au vieillissement.
On sait que la prévalence de l'hyponatrémie augmente progressivement avec le vieillissement, affectant jusqu'à 10 % des patients vivant à domicile et 20 % des résidents des maisons de retraite. Or les personnes âgées représentent la sous-population dans laquelle les effets de l'hyponatrémie ont un impact majeur en termes d'incapacité, de morbidité et de mortalité.
CONCLUSION
L'hyponatrémie chronique pourrait avoir un rôle dans la souffrance cérébrale et le vieillissement.
L'hyponatrémie est très dangereuse pour de nombreux organes, mais surtout pour le cerveau, nous disent certaines études.
Il est temps de retenir l’affirmation de Pline l’Ancien vers 75 après Jésus-Christ : « Le sel est le premier des remèdes humains. » (Histoire naturelle)
SOURCES
- Anita Slomski, Too Little Salt Is Harmful for Some Patients With Heart Failure, JAMA, 2022.
- A.J. Drake-Holland, M.I.M. Noble, Should we now abandon the low-salt diet? QJM: An International Journal of Medicine, 2011.
- Nancy R Cook et coll., Sodium and health—concordance and controversy, BMJ, 2020.
- Martin O’Donnell, Low sodium intake increases plasma renine activity, The Lancet, 2021.
- CLeveland Clinic, Hyponatremia, 2022.
- Murad Kheetan et coll., Acute and Chronic Hyponatremia, Front Med (Lausanne), 2021.
- Horacio J Adrogué et coll., Diagnosis and Management of Hyponatremia: A Review, JAMA, 2022.
- Helbert Rondon , Madhu Badireddy, Hyponatremia, StatPearls Publishing, 2023.
- Corinna Giuliani et coll., Effects of Hyponatremia on the Brain, J Clin Med, 2014.
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