- Danièle Starenkyj
LE CHARBON ACTIVÉ EN CANCÉROLOGIE ?
Le cancer a un impact personnel, familial, social, et économique énorme. La chirurgie, la chimiothérapie, et la radiothérapie combinées permettent d’améliorer les résultats pour les personnes atteintes de tumeurs malignes. Par contre, ces traitements anticancéreux, et particulièrement les médicaments antinéoplasiques, ont de graves effets secondaires. On peut nommer :

→ la toxicité de la moelle épinière (myélosuppression) avec anémie, abaissement des plaquettes sanguines avec augmentation du risque de saignement (thrombocytopénie), et nombre anormalement faible d’un type de globules blancs avec risque d’infection potentiellement mortelle (neutropénie) ;
→ la stomatite et la mucosite, des inflammations douloureuses de la muqueuse de la bouche et des muqueuses du tube digestif qui diminuent de beaucoup la qualité de vie des patients ;
→ le stress oxydatif qui joue un rôle clé dans la pathogenèse des effets indésirables des traitements antitumoraux. Il cause une agression des cellules par des radicaux libres ou espèces réactives de l’oxygène (ERO).
LE CHARBON ACTIVÉ EN MÉDECINE
Partout dans le monde, on utilise DÉJÀ en médecine des matériaux en CHARBON ACTIVÉ pour :
• la purification du sang (hémoperfusion – purification du sang par perfusion du sang à travers une colonne de charbon)
• le nettoyage des blessures contaminées afin de favoriser la guérison (sorption—application topique du charbon en chirurgie purulente)
• la décontamination gastro-intestinale dans le but d’éliminer les endo et exo-toxines du corps (entérosorption—charbon pris par voie orale en cas d’insuffisance rénale et hépatique d’origines diverses)
• la réduction des nausées et des vomissements chez les patients cancéreux
• les intoxications médicamenteuses, alimentaires, chimiques (le Poisindex, le manuel médical le plus consulté en cas d’empoisonnement dans le monde entier, indique comme traitement de choix, dans la majorité des 291 protocoles de traitements prescrits, le charbon activé par voie orale).
LE CHARBON ACTIVÉ EN CANCÉROLOGIE
S’appuyant sur les résultats positifs de ces usages bien connus en médecine depuis de nombreuses décennies, des recherches très récentes ont confirmé le bien-fondé de la détoxication adsorptive (entérosorption) par le charbon actif dans le traitement des patients cancéreux. Ces études ont avancé qu’une nouvelle génération d’adsorbants au charbon activé pouvait agir comme modérateur des manifestations négatives de l’interaction de la tumeur avec son hôte.

En effet, toute tumeur affecte son hôte. Elle cause un ensemble d’anomalies qui ne sont pas en relation directe avec la tumeur mais qui sont des manifestations systémiques (générales) survenant à distance de l’endroit où elle se développe et qui sont produites par les substances que celle-ci génère. En médecine, on parle du SYNDROME PARANÉOPLASIQUE (SNP).
TROIS ÉTUDES ANIMALES CONCLUANTES
→ Souris atteintes d’un carcinome pulmonaire Lewis transplanté
∞ Les traitements de chimiothérapie et de radiothérapie produisent aussi une toxicité générale, et donc un syndrome néoplasique. Les effets de l’entérosorption sur le développement du syndrome néoplasique ont été testés chez ces souris avec un carcinome pulmonaire Lewis. Après deux semaines d’administration d’entéro-sorbants au carbone, ont été constatées :
* une suppression significative des métastases
* une correction de l’anémie liée à la tumeur
* une activation de la moelle osseuse et l’augmentation de son activité mitotique (division cellulaire) de près de 3 fois
* une régénération du foie et des reins
* une diminution du stress oxydatif
* une diminution du niveau d’intoxication endogène
* une augmentation de la résistance des membranes des globules rouges
* une diminution de la charge en ligands (petites molécules se fixant à une protéine) des protéines de transport du plasma sanguin.
→ Rats porteurs du carcinome de Guérin traités avec du cisplatine, un médicament antinéoplasique puissant
∞ L’entérosorption avec un charbon actif de manière significative :
* a réduit la créatine et d’autres indices biochimiques rénaux élevés dans le plasma sanguin des rats après le traitement avec le cisplatine ;
* a atténué les changements dystrophiques de la structure des reins, du foie et de la rate confirmant le potentiel protecteur de l’entérosorption pour les reins.
→Rats irradiés aux rayons X à une dose sublétale
∞ L’entérosorption avec un charbon actif
* a facilité la restauration des globules blancs et du nombre de lymphocytes.
LE CHARBON ACTIVÉ : UN AVENIR ASSURÉ
Ces chercheurs modernes confirment les intuitions de leurs prédécesseurs, dont R.E. Kavetsky°, qui ont prévu l’avenir de la détoxification adsorptive par le charbon activé dans le traitement des patients cancéreux. Ils y voient à leur tour des moyens prometteurs de lutter contre les effets indésirables des traitements anticancéreux et des médicaments cytotoxiques, grâce à la capacité indubitable du charbon activé de réduire l’intensité du stress oxydatif et la myélotoxicité.
Mon petit docteur… Après tout, pas si petit que ça ! Qu’en pensez-vous ? Certes, je ne puis m’empêcher de le redire : Au 21e siècle, et de plus en plus, il a encore et toujours, le visage de la grâce.
©2020 Danièle Starenkyj
Références
° Sarnatskaya V.V., et coll., Highly activated carbon enterosorbent mediates the suppression of paraneoplastic syndrome associated with Lewis lung carcinoma in mice, Exp Oncol, 40,1, 33-41, mars2018.
° Shevchuk O., et coll., Effect of Primary and Secondary Beads of Carbon Enterosorbent on Haematological Parameters and Oxidative Stress Development Caused by Melphalan in Rats, Medicina (Kaunas), 55,9, 557, septembre 2019.
° Sakhno L.A., Adsorptive therapy as a modificatory for tumor-host interaction, Exp Oncol, 41,3, 254-257, 2019.
° R.E. Kavetsky, oncologue et pathophysiologiste, fondateur de l’Institute of Experimental Pathology, Oncology, and Radiobiology, National Academy of Sciences of Ukraine.
° Starenkyj D., MON PETIT DOCTEUR, Orion, 2012.