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Danièle Starenkyj

DES MESURES DE SANTÉ PUBLIQUE QUI ONT SAUVÉ DES POPULATIONS ENTIÈRES

Crétinisme, scorbut, rachitisme, béribéri…Depuis plus d’un siècle, ces fléaux ont perdu de leur emprise endémique sur les populations grâce aux actions avisées de la santé publique dans le monde.


UNE DÉFNITION COURTE


La santé publique peut se décrire comme la science et l'art de promouvoir la santé des populations par des mesures d’une importance primordiale axées fondamentalement sur la prévention.


DE PEUR D’OUBLIER…


Je vous propose un survol de quelques-unes de ces mesures de prévention puissamment efficaces et simples.


Le crétinisme en Suisse

Il était un temps où les crétins faisaient partie du paysage des pays montagneux : les Alpes, les Pyrénées, le Massif central, les Balkans. Avec leur énorme goitre, leur petite taille, leur retard mental, leur surdité et leur mutisme, ces êtres étaient alors considérés comme « de simples animaux vivants ».


En 1920, un médecin suisse de la vallée de Zermatt, donne de petites doses d’iode aux familles qu’il soigne et au boulanger du village – avec recommandation d’en mettre dans le pain. Il observera une nette diminution des goitres. Dans une autre commune, le chirurgien-chef de l’hôpital, Hans Eggenberger, met de l’iode dans le sel qui est vendu aux villageois, et dès l’année qui suit, il observe que « la présence d’une thyroïde palpable, qui affectait 50 % des nouveau-nés, disparaît complètement ».


En novembre 1922, la Confédération suisse demande aux Salines suisses du Rhin de fortifier le sel avec 3,75 milligrammes d’iode par kilo. Devant un recul aussi formidable et rapide du nombre de crétins et de goitreux en Suisse, les États-Unis suivent le modèle helvétique et adoptent en 1924 une politique similaire de fortification du sel en iode, politique qui sera introduite peu à peu dans beaucoup d’autres pays.


La carence en iode aujourd’hui

Le crétinisme, ne hante plus notre paysage postmoderne. Par contre, la carence légère, sub- ou infraclinique, n’a pas été complètement éliminée en Europe, en Afrique, ni en Amérique, et particulièrement chez les populations à risque telles que les femmes enceintes et allaitantes, et les écoliers. On observe chez ces enfants carencés un quotient d’intelligence verbale plus faible, des troubles de lecture et une mauvaise compréhension de la lecture, de moins bons tests d’orthographe et de grammaire. La BONNE NOUVELLE est qu’en 6 mois d’un traitement iodé, une carence légère à modérée sera corrigée, et constatée par une amélioration significative des performances cognitives de l’écolier. Le fœtus et le bébé allaité au sein dépendent entièrement de l’apport en iode maternel. La carence en iode se manifeste chez le nourrisson par les signes cliniques d’une hypothyroïdie : hypotension musculaire, retard du développement psychomoteur, et goitre. Chez la mère qui allaite, des signes de dépression post-partum peuvent également être considérés comme étant ceux une carence en iode.


Alerte aux populations qui limitent à moins de 3 g leur apport quotidien en sel iodé, ou ne consomme que du sel non iodé.


Le scorbut en Angleterre

C’est la Deuxième guerre mondiale, l’approvisionnement en citrus ne se fait plus. Le Département de la santé de l’Écosse organise une collecte nationale de fruits de l’églantier (cynorhodons—Rosa canina). Depuis le début des années 1940, plusieurs études médicales ont démontré la haute teneur en vitamine C de ce petit fruit sauvage. Les scouts, les guides et diverses organisations féminines cueillent, en automne 1942, 200 tonnes de ces fruits sauvages. Le ministre de la santé britannique annonce la fabrication d’un sirop du fruit de la rose, nommé « sirop national », qui est mis en vente partout dans le Royaume Uni : une cuillère à thé de ce sirop au goût agréable fournit la moitié de la ration en vitamine C nécessaire pour un jeune enfant. (Gloucester Citizen, Rosehip Syrup, January 15, 1942)

La carence en vitamine C aujourd’hui

Notre monde souffre d’un scorbut subclinique, soit de faible intensité, lié à une carence subtile mais chronique en vitamine C. Les scientifiques mettent à son compte une somme énorme de douleurs dans le système musculo-squelettique sous la forme de douleurs articulaires (arthralgies) aux genoux, chevilles et poignets, ainsi que de douleurs musculaires (myalgies), mais aussi de douleurs vertébrales (mal au dos).


Le rachitisme en Angleterre

Au milieu des années 1920, le rachitisme était présenté comme universel, parfois invisible pour les non-spécialistes, mais présent à un certain degré chez presque tous les jeunes enfants, sans distinction de race ou de classe. Cette affliction a donc été utilisée pour promouvoir les jeunes disciplines, à l’époque, de la médecine préventive, de la pédiatrie et de la santé publique. Des progrès novateurs ont été réalisés dans la compréhension de la synthèse de la vitamine D entre 1915 et 1935.


Une campagne de santé publique menée dans les années 1930 a permis d'éradiquer le rachitisme, en utilisant de l'ergostérol irradié provenant de levures pour enrichir en vitamine D le lait et d'autres aliments, garantissant ainsi que la population générale consommait suffisamment de vitamine D.


La carence en vitamine D aujourd’hui

1. Malheureusement, elle est encore source de rachitisme dans une grande partie de la population enfantine. Celle-ci, pour diverses raisons culturelles, raciales (peau foncée), alimentaires, climatiques, ou de style de vie, n’a pas accès à :


a) un ensoleillement quotidien suffisant ou

b) des aliments fortifiés en vitamine D (allergies, refus de consommer des aliments enrichis en vitamine D).

2. Dans le monde aux prises avec l’infection par la COVID-19, il est urgent d’accepter les preuves qui ne cessent de se multiplier de l’action préventive à tous les niveaux de la simple VITAMINE D. Pourquoi ne pas en faire un enjeu de santé publique ? Avec des campagnes d’information, et même de distribution gratuite aux populations particulièrement à risque, la vitamine D pourrait devenir un nouvel "outil à portée de main" pour protéger les populations vulnérables et atténuer l'impact des pandémies actuelles, en particulier dans les pays où les capacités de leurs systèmes de santé publique sont réduites.


Le béribéri en Suisse, en Australie, en Angleterre, en Afrique du Sud

En 1931, un brasseur suisse découvre le moyen de débarrasser les levures alimentaires de leur amertume. On découvre aussi leur très grande richesse en vitamines B, et particulièrement en vitamine B1, la vitamine anti-béribéri. La carence en vitamine B1 (généralement accompagnée d’une carence de tout le complexe B) attaque le bon fonctionnement du cœur, des nerfs et des muscles. Elle cause aussi une lésion du nerf optique (amblyopie nutritionnelle).


C’est l’époque de la dépression, et dans cette crise économique, les populations se contentent d’une alimentation frugale à base de pommes de terre principalement.


Apparaît sur le marché un produit, dit patrimoine culinaire suisse, le CENOVIS. Il s’agit de levure de bière transformée en pâte à tartiner. Cette pâte agrémentée de légumes en poudre, totalement végétalienne, améliore l'approvisionnement en protéines, vitamines et minéraux des soldats sous les drapeaux pendant la Deuxième guerre mondiale. En 1955, le Cenovis sera officiellement adopté par l’armée suisse et fera dorénavant partie de la ration de secours des recrues militaires.


Ce concentré de levure alimentaire comporte 10 fois plus de vitamine B1 que les germes de céréales, ainsi que d'autres vitamines et minéraux. Seulement 10 g de ce produit comble 100 % de l’apport journalier recommandé.

Cet aliment fortifiant est protecteur du système nerveux. Il est indispensable pour une conversion optimale de nos aliments en énergie. D’autres pâtes à tartiner ou à utiliser comme exhausteur de goût, toutes à base de levure alimentaire, ont vu le jour dans les pays anglo-saxons dans la même période : le Marmite est créé en Angleterre et il est également répandu en Irlande et en Afrique du Sud; le Vegemite est inventé en Australie et il est consommé dans ce pays et en Nouvelle Zélande ; le Promite est lui aussi originaire d'Australie.


Le béribéri aujourd’hui

Les populations qui se nourrissent d’aliments raffinés privés de leur vitamine B1 (riz blanc, pâtes blanches, pain blanc, sucre blanc) ; les personnes qui prennent des diurétiques, consomment de l’alcool régulièrement, ont subi une chirurgie gastrique, risquent fortement de souffrir d’un béribéri subclinique responsable d’une altération du métabolisme du glucose, une diminution de l'apport d'oxygène par les globules rouges, un dysfonctionnement cardiaque, une défaillance de la neurotransmission et une mort neuronale.


CONCLUSION


La santé publique met en place des mesures préventives, organise des campagnes d’information à la population, et veille à ce que les mesures préconisées soient disponibles. De l’iode dans le sel, un sirop de cynorhodons riche en vitamine C, des aliments fortifiés avec de la vitamine D, des concentrés de levure riches en vitamines B -- quoi de plus simple pour éradiquer des maladies douloureuses, coûteuses, destructrices des individus, des familles, des sociétés ? Je vous en reparlerai car il y a encore beaucoup à dire sur ce sujet.


©2021 Danièle Starenkyj


BLOGUES À CONSULTER SUR MON SITE WEB /www.publicationsorion.com

1. IODE


2. VITAMINE C


3. VITAMINE D


4. VITAMINE B1

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