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  • Danièle Starenkyj

TISANES SIMPLES À L’ANCIENNE MODE

Les gros titres annonçant la présence de plastique dans l’eau du thé et des tisanes infusées dans des sachets de nylon m’ont rappelé un conseil que mon père aimait donner : « Les simples herbes, à l’ancienne mode, disait-il, employées judicieusement, pourraient guérir bien des maux. » Mon père aimait la nature et possédait plusieurs livres sur « les simples ». C’est ainsi qu’on appelait autrefois les herbes des champs aux propriétés curatives.

Je l’écoutais attentivement parler de la tisane de menthe pour calmer les nerfs, du thé de houblon pour favoriser le sommeil, des fleurs de trèfle, de la première récolte, et les roses plutôt que les blanches, pour purifier le sang. Je n’ai jamais douté que c’était là de bons conseils. J’avais cependant oublié qu’il insistait sur l’utilisation des herbes « à l’ancienne mode ». Pas en pilules, pas en concentrés, pas en extraits, non, simplement cueillies dans les champs, séchées à l’air libre, conservées en vrac, et utilisées à la pincée, infusées dans l’eau bouillante, puis filtrées à l’aide d’une petite passoire.

À l’ancienne mode… Mais, la modernité obligeant, sont apparus, à la suite des tout premiers sachets en soie, les sachets en papier (blanchis au chlore, souvent avec agrafe pour fixer l’étiquette, et fermés à l’aide de colle) laissant un arrière-goût désagréable ; les sachets en mousseline de soie ou de coton bio garantissant « une expérience comparable aux tisanes en vrac » avec des sachets de forme pyramidale ; et puis, le dernier cri des sachets, les sachets en nylon et/ou en polymère (plastique PET) soyeux, élégants, sophistiqués… toxiques ?

Cette étude canadienne 1 bouleversante, publiée le 25 septembre 2019, parle de 11,6 milliards de microplastiques et de 3,1 milliards de nanoplastiques libérés par un seul sachet de thé en nylon, sous l’effet de la chaleur, dans une seule tasse. Les commentaires parlent d’un nombre « astronomique » de particules à des niveaux des milliers de fois supérieurs à ceux auparavant détectés dans d’autres aliments. Ironie ! Alors que la présence croissante de plastique sous toutes ses formes dans l’environnement alarme les populations, alors que l’on parle de réduire, sinon d’interdire, l’usage de plastique à usage unique… apparaît la création de nouveaux emballages comme les sachets de thés (noir et vert) et de tisanes en plastique, tous jetés chaque jour par millions après avoir servi une seule fois…

L’OMS demande une évaluation de ces micro et nanoplastiques. Présentent-ils vraiment un risque pour la santé humaine ? Bien sûr, la réponse classique est toute prête : au stade actuel de connaissances, on ne peut rien affirmer… mais « une évaluation initiale de la toxicité aiguë pour les invertébrés a montré que l'exposition aux seules particules libérées par les sachets de thé a eu des effets sur le comportement et le développement en fonction de la dose 1». Les invertébrés testés sont des puces d’eau – daphoria magnat – qui, exposées à diverses concentrations de micro et nanoplastiques, ont présenté des anomalies anatomiques et comportementales – leur mobilité a été altérée de façon dose-dépendante.

Alors, que faire pour éviter ces particules de plastique qui, de par leur taille, peuvent être absorbées par l’organisme à partir du tube digestif ? La réponse des chercheurs canadiens est qu’il faut privilégier l’utilisation du thé et des tisanes « EN VRAC ». Font-ils écho au conseil de mon père, soit de prendre ses tisanes À L’ANCIENNE MODE ? Mais oui, à l’ancienne mode ! Aujourd’hui, la simplicité doit être au cœur de nos choix santé. Commençons par utiliser les simples… simplement.

©2019 Danièle Starenkyj

1. Laura M. Hernandez More et coll., Plastic Teabags Release Billions of Microparticles and Nanoparticles into Tea, EnvironSci Technol, 25 septembre 2019.

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