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  • Danièle Starenkyj

SI LES HIRONDELLES NE FONT PLUS LE PRINTEMPS

Dans mon enfance, les oiseaux, de retour d’ailleurs, marquaient le renouveau. L’arrivée des hirondelles, particulièrement, nous faisait sauter de joie. Et, pendant toute la belle saison, à la tombée du jour, assise sur le large bord de la fenêtre grande ouverte de la cuisine, d’un regard fasciné et subjugué, je suivais les épaisses volées de ces oiseux migrateurs tournoyant au-dessus de nos jardins, et trissant avec force chaque fois qu’ils bouclaient leur parcours elliptique. Soir après soir, alors que le soleil se couchait et illuminait de rose le ciel et les bâtiments, leur rituel me remplissait d’admiration. Puis, tout doucement, la nuit venait. Les hirondelles, soudain, faisaient silence. Dans mon cœur d’enfant, j’en concluais qu’elles avaient fait leur prière et que, en paix, confiantes, elles étaient allées se coucher dans leurs nids douillets. Je fermais la fenêtre tout doucement. Je ne voulais pas troubler ce moment sacré.

Si je souris encore de cette projection que, petite, je faisais sur les hirondelles priant elles aussi – j’ai appris à prier très jeune -- je ne suis pas surprise de rencontrer aujourd’hui de nombreuses voix qui insistent sur les bienfaits de la spiritualité* sur la santé et sur la nécessité de lui redonner une place en médecine1. Un nombre impressionnant d’études scientifiques établissent que la prière, celle que fait le malade, et celle que font ses amis et ses proches pour lui, peut être aussi utile pour sa guérison qu’un médicament ou une chirurgie. Certes, confier son sort, son existence à plus GRAND que soi, cesser de se sentir tout seul au gouvernail de sa vie, est profondément libérateur de la peur, de la rancune, du refus de pardonner, ces émotions qui sont très souvent, trop souvent, à l’origine de nos maux débilitants, dont l’anxiété et la dépression.

En 2019, la médecine reconnaît que la SOLITUDE – l’absence de relations humaines saines et stables -- joue un rôle terriblement négatif sur la santé. Elle avoue que de trouver un sens à sa vie est un besoin vital, en fait – constatation des gérontologues et des sociologues -- c’est le besoin essentiel qui fait vivre en BONNE santé longtemps. Savoir POURQUOI L’ON VIT articule le sens de notre valeur personnelle, et nourrit nos sentiments d’utilité et d’efficacité, sources d’enthousiasme, de joie, de force, de persévérance, d’équilibre. On répète l’urgence de savoir pourquoi l’on vit pour SAVOIR COMMENT VIVRE, et non pas s’abîmer dans des comportements destructeurs – alcool et autres drogues, sports extrêmes, malbouffe, vagabondage sexuel, etc. – comportements qui tous crient l’angoisse de vivre… le vide existentiel… la solitude métaphysique…

Je reviens à mes hirondelles. Les ornithologues ont remarqué que les hirondelles sont en voie de disparition, et dans bien des pays déjà, elles ne font plus le printemps… On sait que les ravages que nous avons infligés à notre terre, et que l’on continue à lui infliger, sont en cause… Il est dangereux personnellement et collectivement d’effacer de nos cœurs la pensée de l’éternité2… « Car si plus rien n’a d’importance, il n’y a plus rien à sauver3 ».

* « La spiritualité est le fruit d’une relation de confiance entre l’être humain et un Être supérieur, relation suscitée par le besoin de trouver un sens à la vie. » (Dr M. Lemay)

©2019 Danièle Starenkyj

1. Levy D., PLUS QUE MATIÈRE GRISE, Orion, 2015. 2. Starenkyj D., RÉFLEXIONS POUR UNE VIE MEILLEURE, Orion, 2015. 3. Jonathan Safran Foer, EATING ANIMALS, p. 17, 2009.

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