ENTRE LE PAIN ET LE SUCRE, VOTRE CŒUR BALANCE ?
Les hydrates de carbone ont depuis plusieurs années mauvaise presse.
Mais que sont-ils ?
Et que font-ils ?
Dans tous les pays du monde, les hydrates de carbone – le pain étant le symbole antique de ce macronutriment – fournissent la majeure partie de l’énergie nécessaire pour entretenir la vie et ses multiples fonctions : respirer, bouger, penser, etc. Ils se composent d’amidons, de fibres, et de sucres.
⁰ L’amidon se retrouve principalement dans les céréales et les légumineuses, les racinages, les tubercules, et les bananes plantains.
⁰ L’amidon résistant, appelé ainsi parce qu’il résiste à la digestion dans l’intestin grêle, se trouve dans les céréales entières et les légumineuses, et dans les aliments végétaux cuits et refroidis comme les pommes de terre (vive la salade de pommes de terre), le riz, les bananes crues.
⁰ Les fibres construisent la structure des cellules végétales. (Les produits animaux ont zéro fibre). Elles sont abondantes dans les céréales complètes, les légumineuses, les légumes racines et autres, les verdures, et les fruits.
⁰ Les sucres sont soit intrinsèques – ils se retrouvent dans les parois des cellules des végétaux, et plus particulièrement dans les fruits – soit extrinsèques – glucose, fructose, sucrose, sirops, extraits de la canne à sucre, de la betterave à sucre, du maïs, ou sous forme concentrées (miel, sirop d’érable, etc.)
LES HYDRATES DE CARBONE, ÇA SERT À QUOI ?
Bien sûr, ils fournissent de l’énergie. Mais ils ont bien d’autres fonctions. Ils sont d’importants régulateurs de la glycémie (taux de glucose dans le sang) et de l’insuline, et ils peuvent modifier le métabolisme des lipides et des acides biliaires. Ils jouent également un rôle important dans la santé de l’intestin.
⁰ L’amidon des hydrates de carbone s’absorbe lentement. L’amidon résistant échappe à la digestion et se retrouve dans le gros intestin où il est métabolisé par les bactéries du microbiote. Il augmente le volume et le poids des selles, et permet la production d’acides gras à chaîne courte, dont le butyrate. Celui-ci influence l’apoptose (la mort cellulaire programmée) et permet ainsi la régulation du renouvellement des cellules épithéliales (de la membrane protectrice du côlon.) C’est ainsi que les hydrates de carbone réduisent l’inflammation et protège contre la colite ulcéreuse, la maladie de Crohn, les diverticulites. On associe aussi la consommation abondante de céréales entières à la protection du cancer du côlon et du rectum, du sein, du pancréas, et de l’estomac. De plus, les hydrates de carbone riches en amidon ont la capacité de stimuler sélectivement la croissance de bactéries spécifiques dans le côlon, bactéries pouvant produire des vitamines B et augmenter l’absorption des minéraux.
LES HYDRATES DE CARBONE ET LE MICROBIOTE
Redevenu un sujet d’étude fascinant, le microbiote est maintenant considéré comme un organe vital à part entière, possédant la flexibilité et le potentiel de produire des transformations métaboliques comparables à celles du foie. Ainsi, on ne peut plus ignorer les effets des hydrates de carbone riches en amidon sur la fonction intestinale, ni nier leur importance fondamentale pour la santé humaine.
⁰ Les sucres extrinsèques, principalement le sucre blanc, contrairement aux amidons, sont absorbés immédiatement dans l’intestin grêle, ce qui entraîne une absorption rapide de glucose dans le courant sanguin. C’est ainsi que se produit l’hypoglycémie sous l’influence d’une importante décharge d’insuline visant à abaisser les taux sanguins de glucose trop élevés, avec l’effet rebond de les abaisser trop,TOUT EN LES TRANSFORMANT EN GRAISSES QUI SERONT STOCKÉES. C’est par ces mécanismes biologiques d’auto-défense que se développent le syndrome métabolique, l’obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires, et la maladie d’Alzheimer.
L’industrie alimentaire, non satisfaite de noyer ses produits avec des sucres extrinsèques, a aussi réussi à transformer l’amidon des céréales complètes et l’amidon résistant en une sorte de sucre. Sous l’effet d’une mouture extrafine, les membranes cellulaires végétales, les fibres, ont été totalement éliminées ; et grâce à une cuisson particulière, les amidons ont été transformés en substance gélatineuse qui devient, dans ses effets métaboliques, semblable au sucre. Ainsi, pâtes blanches, farine blanche, poudres de pommes de terre, et autres produits de la malalimentation à base de farines, sont absorbés, eux aussi, dans l’intestin grêle. Et, bien sûr, ils causent une hypoglycémie réactionnelle avec d’importants déversements d’insuline, tout comme le sucre et les produits sucrés, et avec les mêmes effets dévastateurs.
Nous vivons sous le règne d’une alimentation urbaine/industrielle, une alimentation de produits transformés et arrosés librement de sucres extrinsèques provoquant d’importants déversements d’insuline, l’hormone qui stocke les graisses. LE MAL DU SUCRE est endémique : Jus concentrés, céréales sèches du matin, yaourts allégés, barres énergétiques, sauces, charcuteries, viandes préparées, pâtisseries, bonbons, produits à base de farines blanches et quoi encore, sont la marque malheureuse de notre alimentation postmoderne.
PETIT TABLEAU COMPARATIF
Dans les années 1880, en France, il se consommait : 600 g de pain complet par jour et par personne et moins de 6 g de sucre blanc par jour et par personne
Aujourd’hui, il se consomme en France : 172 g de pain blanc par jour et par personne et 100 g de sucre blanc par jour et par personne
C’est le changement drastique d’une alimentation paysanne/agricole à une alimentation urbaine/industrielle. Le saut du pain au sucre, fait dans les années 1950, a été périlleux. Maintenant, on le sait, il est complètement raté, sur le plan de la santé tout au moins ! Il faut se reprendre et sauter dans le sens inverse : du sucre au pain. Les résultats sont phénoménaux, merveilleux, immédiats. On s’en reparle.
©2017 Danièle Starenkyj