MES VACANCES SANTÉ-LONGÉVITÉ-VITALITÉ
Mes petits-enfants, 8 ans et 7 ans, sont venus passer quelques jours chez leur grand-mère à la campagne. Ils le savent bien : à la campagne, « il n’y a rien à faire », c’est-à-dire que si on veut faire quelque chose, il faut l’inventer, et le réaliser avec les moyens du bord. Alors qu’est-ce qu’on fait chez grand-maman qui n’a pas de télé et qui demande régulièrement : « Avez-vous bu votre eau ? »
PREMIÈRE CHOSE : J’ai pris mes vacances -- pas de bureau, pas de traduction, pas d’article rédigé – pour être avec eux tout le temps. J’ai marché avec eux ; j’ai couru avec eux ; j’ai grimpé avec eux ; j’ai cueilli des fleurs avec eux ; j’ai lu avec eux.
DEUXIÈME CHOSE : Je les ai serrés dans mes bras, embrassés, caressés, félicités, encouragés, applaudis mais toujours avec ces petites phrases : « Très bien. Tu as fait tout ton possible. Plus tu t’appliqueras, mieux tu réussiras. » Je ne crois pas au génie inné, mais à l’intelligence de développement. Les réussites, les vraies, sont toujours le résultat d’efforts soutenus et ciblés. Plus que d’intelligence, nos enfants ont besoin de persévérance.
TROISIÈME CHOSE : J’ai saisi toutes les occasions de renforcer leurs valeurs, et de leur insuffler du bon sens, du savoir-faire, de la gratitude, de l’émerveillement, de l’espérance.
LES RÉSULTATS ?
- Nous n’avions qu’une bicyclette pour deux, et elle était trop grande pour mon petit-fils. On est allé chez un de nos voisins, et on lui a demandé de nous prêter un vélo de ses garçons. Avec un grand sourire et sans hésitation, il nous en a prêté un de la bonne taille. Leçon : on a besoin de bons voisins, et pour cela d’entretenir avec eux des relations amicales. Et il faut savoir généreusement dire MERCI car c’est le plus puissant mot d’un vocabulaire aimable.
- À Noël, j’avais offert à ma petite-fille de 8 ans un casse-tête 9 ans et +. Elle ne s’était pas encore décidée à le faire. Avec un peu d’aide de son frère – s’il-te-plaît, tourne tous les morceaux à l’endroit – elle l’a terminé en quelques heures après avoir refait 5 autres casse-tête antérieurs sans grande concentration : « Grand-maman, j’ai assemblé en tout 707 morceaux ! » Leçon : ne pas se relâcher est le secret de la réalisation de choses difficiles et au-dessus de notre âge.
- En voulant grimper à notre vieil érable de 150 ans, mon petit-fils s’est fait piquer par une guêpe. Ses pleurs ont été immédiatement calmés – Grand-maman, ça ne fait plus mal ! – par une application de charbon activé sur la piqûre déjà très boursoufflée et auréolée d’une grosse marque rouge. Leçon : le charbon c’est drôlement bon. Je sais qu’il s’en souviendra.
- Et je ne dois pas oublier : il y a eu la cueillette des fraises – on ne cueille que les biens rouges et délicatement ; et celle des framboises noires – il faut qu’elles se détachent toutes seules. Et – voilà, nous sommes en pleine campagne – il y a eu une leçon sur le microbiote en ramassant la carte de visite d’un raton laveur sur notre galerie. La leçon portait sur l’importance de bien mastiquer pour bien assimiler…
Et, joie ! il y a eu la lecture d’histoires déjà 20 fois racontées mais toujours aimées avec deux petits-enfants qui maintenant lisent couramment : « Grand-maman, un paragraphe toi et un paragraphe moi… demandent en écho la sœur et le frère. »
Mes petits-enfants sont partis. Je me sens ressourcée, détendue, satisfaite. Heureuse. Je me rappelle cette étude scientifique parlant du « succès procréatif » qu’elle définissait en ces termes : s’occuper de ses vieux parents, de son conjoint, de ses petits-enfants, ou encore de ses neveux et nièces. Étonnamment, elle affirmait que celui-ci était un facteur de longévité pouvant augmenter notre espérance de vie en bonne santé de 3 à 4 années… À bien y penser, bien faire, est-ce que ça ne fait pas toujours du bien ?
©2017 Danièle Starenkyj