LA PUISSANCE D'UN PÈRE QUI PARLE
C’est la fête des Pères ce troisième dimanche de juin. Elle clôture la semaine de la paternité débutée le 12 juin. Son message se veut clair : les papas existent. Plus, ils sont indispensables. Face à la vie, sans gêne, ni justification, hommes et femmes sont équivalents, distincts, assortis. La vie réclame les uns et les autres équitablement. Personne ne peut se reproduire seul. Le succès procréatif exige la participation symétrique de l’homme et de la femme, une participation analogue, proportionnée. Dans le grand mandat de la vie à perpétuer, l’homme et la femme, alliés naturels, pareils opposés, sont indissociables. Ils ont, face à la vie à venir, qui vient, et qui est venue, un rôle égal. Encore faut-il que l’un et l’autre le reconnaisse, s’en réjouisse, et se donne le respect que cela impose.
Dans mon livre DEVENIR PARENT je plaide pour cette prise de conscience, et donne les moyens concrets de la réaliser, et la vivre de la préconception au sevrage de l’enfant. La réalisation de la nécessité d’une réciproque implication du père et de la mère à toutes les étapes de la vie en favorise le plein épanouissement. Pour faire un enfant, puis faire de cet enfant un homme ou une femme digne de ce nom, il faut être deux, deux égaux face à la vie.
Alors, papas, puisque c’est votre fête, acceptez en cadeau ce poème d’un père à son fils qui venait d’avoir 12 ans. Je vous invite à le lire à votre tour à haute voix à votre fils, avec tout l’amour que vous avez dans votre cœur pour lui. Et même s’il a dépassé cet âge, ou encore si votre père ne vous l’a pas lu quand vous en auriez eu besoin… je vous le promets, il ne vous laissera, ni lui ni vous, insensibles. Et si… le miracle se produit : ensemble, tous les deux, vous deviendrez complices. Vous saurez, vous sentirez, vous accepterez, que vous partagez un destin unique : un destin d’homme.
TU SERAS UN HOMME, MON FILS
Si tu peux voir détruit l’ouvrage de ta vie Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir, Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties Sans un geste et sans un soupir ; Si tu peux être amant sans être fou d’amour, Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre, Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour, Pourtant lutter et te défendre ; Si tu peux supporter d’entendre tes paroles Travesties par des gueux pour exciter des sots, Et d’entendre mentir sur toi leurs bouches folles Sans mentir toi-même d’un mot ; Si tu peux rester digne en étant populaire, Si tu peux rester peuple en conseillant les rois, Et si tu peux aimer tous tes amis en frère, Sans qu’aucun d’eux soit tout pour toi ; Si tu sais méditer, observer et connaitre, Sans jamais devenir sceptique ou destructeur, Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maitre, Penser sans n’être qu’un penseur ;
Si tu peux être dur sans jamais être en rage, Si tu peux être brave et jamais imprudent, Si tu sais être bon, si tu sais être sage, Sans être moral ni pédant ; Si tu peux rencontrer triomphe après défaite Et recevoir ces deux menteurs d’un même front, Si tu peux conserver ton courage et ta tête Quand tous les autres les perdront, Alors les rois, les dieux, la chance et la victoire Seront à tout jamais tes esclaves soumis, Et, ce qui vaut mieux que les rois et la gloire Tu seras un homme, mon fils.
P.S. Ce texte est de Rudyard Kipling. Il a été traduit en français par André Maurois.
©2107 Danièle Starenkyj